Les femmes sont appelées à rejoindre les forces politiques et sociales autonomes pour défendre leur citoyenneté. Le Front des forces socialistes (FFS) a tenté, hier, lors d'une conférence-débat sur le thème «La femme algérienne au coeur du changement démocratique», organisée au niveau de son siège à Alger, de définir le rôle de la femme dans ce changement démocratique. D'emblée, la secrétaire nationale aux droits des femmes, Mme Bouamama Faïrouz, a mis les femmes algériennes devant un double défi pour qu'elles puissent jouer ce rôle. Selon elle, les femmes doivent recouvrer leur dignité de citoyenne algérienne à part entière et contribuer au démantèlement de l'ordre politique en place. Des défis difficiles à relever avec l'enracinement de pratiques politiques qui vont à l'encontre de cet objectif. D'où l'appel lancé par le Dr Mahmoudi Abdelkader, professeur en sciences politiques à l'Université d'Alger, aux femmes et qui consiste en leur contribution à la rationalité de la pratique politique. «Le rôle de la femme dans le changement démocratique, c'est de contribuer à la rationalité de la pratique politique», a-t-il indiqué après avoir donné une définition fonctionnelle de la démocratie. Mais comment rationaliser cette pratique et comment la femme peut-elle recouvrer ses droits, de surcroît reconnus par la Constitution? Mme Bouamama Faïrouz apporte un bout de réponse sur le plan de la théorie. «C'est par le renforcement de la démocratie, de la paix, des droits de l'homme que la femme peut évoluer, retrouver sa dignité et avoir une citoyenneté pleine et entière», a-t-elle martelé. Bien évidemment, la question de l'égalité entre l'homme et la femme se pose avec acuité, constituant même une condition pour cette évolution. La volonté exprimée d'impliquer la femme dans la politique se heurte au Code de la famille qui réduit la femme au statut de mineur. Ce paradoxe et beaucoup d'autres encore ont fait dire à la secrétaire nationale aux droits des femmes du FFS que «les tâches des femmes algériennes sont plus difficiles et nécessitent beaucoup d'efforts individuels et collectifs». L'intervenante a appelé les femmes à rejoindre les forces politiques et sociales autonomes pour défendre leur citoyenneté et combattre les statuts qui ne visent qu'à limiter leurs droits. «L'égalité en droits des femmes et des hommes relève du droit de la personne humaine», a-t-elle souligné, exhortant ses concitoyennes à réclamer leurs droits politiques, économiques et sociaux. Des droits que Mme Sabrina Moussi, magister en droit, considère consacrés par la Constitution mais non appliqués dans les faits. A titre d'exemple, l'intervenante a cité l'article 31 de la Constitution qui garantit l'égalité entre l'homme et la femme, mais qui est «bafoué» sur le terrain. Mme Moussi constate qu'il y a un recul en matière d'action sur le terrain pour la défense des droits de la femme à cause, a-t-elle estimé, d'un «blocage politique de la société civile». Pour faire jouer son rôle à la femme dans le changement démocratique, Mme Moussi a expliqué qu'il faut qu'il y ait l'intégration et la promotion de la femme dans une approche participative. A noter enfin, que le FFS a mis en place, après les débats, son comité de pilotage du collectif des femmes militantes.