Le peu de massifs forestiers qui ont échappé à la tragédie nationale, sont en train d'être achevés par l'inconscience des hommes. Nouvelle étape dans le tourisme made in Algeria. Après avoir complètement abandonné les infrastructures touristiques qui se sont détériorées au fil du temps, c'est au tour du patrimoine naturel à être détruit. Livré à lui-mêmes, le peu qui reste des forêts algériennes est en train de brûler. En effet, l'été 2011 a été meurtrier pour nos forêts, comme l'ont été les accidents de la route. La dernière en date, et qui fait en peu plus mal à l'environnement, mais également au tourisme, n'est autre que la dense forêt d'arbres fruitiers et de palmiers du célèbre site touristique, les Balcons du Ghoufi dans la commune d'El Ghassira (wilaya de Batna). Cette merveille naturelle a été partiellement détruite par six incendies, dont le plus ravageur a été celui enregistré en début de semaine! «La magnifique partie de cette forêt située au-dessous du 2e balcon, près de la Thiqlaâth d'Ouled Mimoune, a été totalement calcinée suite au dernier incendie qui aurait été provoqué par un touriste qui avait allumé un feu pour un barbecue au bord de l'oued Labiodh», a indiqué, à l'APS, le secrétaire général de la commune d'El Ghessira, M. Ziadi Berhih. Les flammes ravivées par les herbes sèches se sont ensuite propagées pour ravager pas moins de deux hectares de palmiers dattiers, oliviers, grenadiers et autres arbres fruitiers, selon Zighdoud Hachani, un habitant de la région qui avait aidé à circonscrire l'incendie. D'une hauteur variant entre 500 et 1 200 mètres selon les endroits, les gorges du Ghoufi sont, à l'image, des Rocheuses et du Grand Canyon, composées de roches métamorphiques et sédimentaires et d'une végétation de type oasis. Haut lieu du tourisme, l'endroit regorge d'habitations troglodytes datant de plusieurs siècles. Par ailleurs, les petites localités de Thatchelt, Thafounès, Dhar Azireb, Thib'iline et Feriro, situées dans la même région ont été touchées par des incendies qui se sont déclarés en ce mois de juillet, a indiqué le président de l'Association du tourisme et de l'artisanat de la localité de Kef Laârous, qui a regretté l'absence, sur ce site touristique, d'une unité de la Protection civile pour faire face à pareil sinistre. Un autre gâchis pour l'écologie a été signalé du côté de Tipasa. Là, la donne est encore plus grave, puisque près de 50 hectares de pin d'Alep ont été détruits par les feux de forêts dans ladite wilaya depuis le 1er juin. 20 foyers d'incendie se sont déclenchés au niveau de plusieurs massifs forestiers des daïras de Gouraya, Cherchell, Sidi Amar et Tipasa. Le dernier, qui a eu lieu hier dans la commune de Chaïba (Koléa), a provoqué la destruction de 46,10 ha de pin d'Alep en plus de plusieurs hectares de maquis, de broussailles et autres. Malheureusement, les forêts algériennes n'ont pas comme seul ennemi le feu...Ordures, incohérences urbanistiques, arbres arrachés pour laisser place au béton, mutilation de forêts...sont autant d'agressions écologiques qui «violent» nos forêts et autant de facteurs pour bien achever la nature. Les forêts s'évaporent à Annaba Les monts forestiers de Annaba, sont un exemple des plus concrets. Elles, qui faisaient jadis le bonheur des familles, ressemblent aujourd'hui, à tout sauf... à une forêt. Destination idéale de détente, d'attraction et de villégiature, les bois d'antan longeant le littoral de la wilaya de Annaba, ne sont plus, hélas, qu'un ramassis de gravats des chantiers et de monticules d'ordures nauséabonds dégageant des odeurs qui indisposent les estivants en quête d'évasion dans ces espaces verts. En appendice, la majestueuse forêt située tout le long de la route menant à la plage de Djenen El Bey, partant de la déviation de Aïn Achir, est un exemple vivant de l'inconscience destructrice de l'homme. S'étendant sur plus de 40 ha de manteau forestier verdoyant, somptueusement agrémenté d'une impressionnante biodiversité naturelle, composée de chênes, de pins et d'eucalyptus, et entre autres espèces, bercés en amont, par une variété de plantes comme le polypode, elle constitue un don de Dame Nature. Cet arrière-plan vert, qui cohabite harmonieusement avec la grande bleue de la Méditerranée, que surveille jalousement le phare de Ras El Hamra, n'a pas échappé à l'oeuvre destructrice des hommes. Qui ne ressent pas un pincement au coeur en se remémorant l'époque postindépendance et jusqu'aux débuts des années 1980, où ces forêts faisaient la renommée de Hippone antique, de par l'attrait irrésistible et la magnificence qu'exerçaient ces étendues forestières sur les promeneurs qui venaient de partout. Des familles se partageaient de grands moments de plaisir et de bonheur en se livrant, dans une quiétude totale, a d'agréables randonnées pédestres et en improvisant des pique-niques conviviaux dans ce havre de paix et d'évasion. L'abandon par les amis de la nature durant la tragédie nationale, conjugué au divorce patent des pouvoirs publics et l'interférence des priorités, avec en ligne, des incohérences urbanistiques qui font florès, notamment sur le tronçon de la plage de la Caroube, où le béton armé a eu raison de la nature, et a fini par achever un des plus beaux symboles de la nature en proie à des mutilations environnementales à répétition. Autres agressions écologiques qui s'y commettent chaque jour, celle du relief montagneux de la route reliant la commune de Annaba à Seraïdi. Sur 14 km de manteau forestier, des milliers d'arbres ont été rasés, cédant la place à des milliers de tonnes de béton, utilisées dans la construction de châteaux et autres résidences, éliminant pour ainsi dire une grande partie du poumon, qui procurait, non seulement de l'air frais, mais surtout de l'oxygène à cette ville asphyxiée par la pollution industrielle. Qui est responsable? Aujourd'hui, l'on se demande s'il y a lieu de stopper cette agression écologique, qui s'exerce au vu et au su des responsables concernés, qui semblent indifférents à l'égard de tant de facteurs qui achèvent bien la nature. La responsabilité des problèmes écologiques dont souffre le pays, ne peut cependant pas être incombée seulement à la négligence de l'Etat. La population a également une grosse part de responsabilité, vu que c'est elle qui cause ces agressions contre la nature. Mettre les moyens du monde ne suffira jamais à protéger nos forêts si en parallèle on ne sensibilise pas la population sur leur importance. Pareil pour le tourisme, c'est une culture à inculquer dès le plus jeune âge.