Une préoccupation sécuritaire commune a fait rencontrer deux pays que tout sépare. Ainsi l'Algérie et le Pakistan, à l'issue de la visité effectuée par Pervez Musharraf à Alger, ont décidé de se mettre d'accord sur «un mémorandum d'entente» fixant un mécanisme de consultation politique entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays sur les questions à caractère bilatéral. A quelque chose malheur est bon, pourrait-on dire, du moment que les retombées de l'attentat du 11 septembre ont, semble-t-il, tracé une nouvelle géographie pour la coopération internationale en matière économique, sociale et culturelle. Est-ce un hasard si Musharraf a programmé des visites à Tunis, Alger et Rabat? En effet, la visite du chef de l'Etat pakistanais dans la région intervient au lendemain de l'affaire des touristes pris en otage dans le Sud algérien et de l'attentat meurtrier de Casablanca qui a fait plusieurs dizaines de morts. Le président pakistanais est donc venu cette semaine à la rencontre du lointain Maghreb, quoique proche de son propre pays par les convulsions terroristes qui continuent de le secouer. Toujours est-il que l'hôte de l'Algérie a plaidé à Alger «une position concertée» dans la lutte internationale contre le terrorisme. «L'Algérie et le Pakistan, deux pays victimes du terrorisme, sont devenus des membres importants de la coalition mondiale antiterroriste. Nous avons l'intention de poursuivre la lutte contre le terrorisme qui constitue un facteur de stabilité dont notre pays a grandement besoin», a déclaré Musharraf. Ce dernier assure que son pays a contribué à cette lutte qui a «déjà permis l'arrestation de plus de 500 personnes entre militants, sympathisants des talibans ou encore membres du réseau terroriste d'Al-Qaîda.» Des terroristes algériens sont-ils détenus dans des prisons pakistanaises? Les deux pays sont liés par un accord d'extradition, a répondu Musharraf. «Quoi qu'il en soit, toute personne identifiée sera automatiquement extradée vers son pays d'origine, le Pakistan n'a aucun intérêt à garder des étrangers prisonniers dans le pays», a-t-il dit. Ajoutant néanmoins, «il subsiste encore un malentendu sur cette question de l'extradition dans la mesure où les pays d'origine refusent d'accueillir ces prisonniers qui refusent eux-mêmes de décliner leur véritable nationalité». Musharraf a qualifié d'«excellents» les entretiens qu'il a eus avec le Président Abdelaziz Bouteflika, les différents responsables politiques ainsi que les hommes d'affaires algériens. Le chef de l'Etat pakistanais a, au cours de sa visite, abordé, outre des questions liées à la géostratégie mondiale, beaucoup d'autres sujets d'intérêt commun comme l'action commune menée au sein des pays non alignés et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), le conflit israélo-palestinien, le Cachemire, la situation en Irak et en Afghanistan. Au chapitre de l'économie, les deux pays ont signé deux accords portant sur le développement et la promotion de leurs échanges économiques et commerciaux. Echanges dans lesquels le Forum des hommes d'affaires algéro-pakistanais, un cadre à créer également est appelé à jouer les premiers rôles. Il est prévu l'organisation d'une journée d'étude et d'information sur les potentialités économiques algériennes, ainsi qu'une foire spécifique des productions pakistanaises à organiser à Alger au courant du premier trimestre 2004. Les investisseurs pakistanais s'intéressent à la construction, aux infrastructures, aux transports, aux nouvelles technologies et aux industries. La culture n'a pas été en reste, puisque dans ce domaine, les deux pays ont signé un accord sur la coopération culturelle dont il est attendu d'intensifier les échanges dans les domaines artistiques et culturels.