Cette annonce fait suite à d'autres départs de cadres influents au sein de la coordination nationale. «Nous, présidents et représentants de 300 associations (d'Alger), annonçons notre retrait de la coordination nationale.» C'est en ces termes que s'achève un communiqué rendu public hier par ces associations, suivi d'une invitation aux représentants du mouvement dans le restant du pays afin d'en faire autant avant «d'adhérer à la demande visant à instituer un espace associatif qui serait au service du mouvement associatif et reflèterait ses aspirations». Le communiqué, étalé sur deux long feuillets, intervient à la suite d'une réunion tenue la veille sans que l'endroit en ait été précisé. Les auteurs de cette annonce, venus porter un nouveau coup aux comités de soutien au programme du Président Bouteflika, tentent d'expliquer par le menu les raisons qui ont motivé cette décision à quelques mois à peine de la future présidentielle. Ainsi, les arguments sont-ils étalés pêle-mêle, sans que la logique, ni même la raison, en justifient teneur et agencement. Il est, en effet, question du «rôle que doit jouer le mouvement associatif», de «l'adhésion du mouvement associatif au programme du Président en réponse aux aspirations du peuple algérien». La contradiction contenue dans ces deux arguments ne peut échapper à personne. Du moment que le programme de Bouteflika n'a pas changé depuis, force est de supposer que ce devrait être ces représentants du mouvement associatif algérois qui ont pu évoluer, d'un côté ou d'un autre. La supposition paraît d'autant plus plausible que dans le chapelet des explications, les auteurs du communiqué parlent de «tentatives visant à consacrer cette orientation (obtenir un agrément relatif à ce regroupement associatif) à des fins politiciennes et aux intérêts de certaines catégories». Le communiqué révèle donc que les partisans d'un second mandat du Président Bouteflika semblent avoir plus d'un tour dans leur sac puisque même au cas où le FLN, premier parti du pays, devait leur échapper définitivement, ils espéraient aller sur un gigantesque regroupement du mouvement associatif. Les associations en Algérie sont au nombre de plusieurs dizaines de milliers avec des centaines de milliers d'adhérents, cela sans compter l'Ugta dont le soutien compte beaucoup pour le clan présidentiel et qui compte mettre le paquet à la rentrée sociale en accordant beaucoup de concessions sociales en faisant d'une pierre deux coups, premièrement s'allier définitivement la Centrale et deuxièmement tempérer la grogne qui a eu tendance à prendre quelque ampleur ces deux dernières semaines à travers des mouvements de rue de plus en plus prononcés dans divers villes et villages du pays. Les signataires du communiqué, qui parlent de manipulation politicienne, et qui n'en souhaitent pas moins «transvaser» leur organisation vers un autre «récipient» aux «formes» encore inconnues, omettent en outre de souligner qu'ils ne faisaient rien moins que de la politique lorsqu'ils avaient soutenu le programme du Président en 1999. Ils n'expliquent pas non plus pourquoi ils ont attendu plus de quatre années durant avant de se «sentir exclus» et de comprendre que des «cercles» non identifiés tentent de les récupérer à des fins politiciennes. Cette annonce, pour rappel, intervient après les démissions de Mohamed-Salah Dilmi et Qaliha Lardjane, tous deux dirigeants nationaux, et que des conflits aux sommets donnaient pour partant Amar Saïdani, premier responsable de cette coordination.