Les bourses européennes perdaient plus de 2% hier, déçus par les chiffres de la croissance, qui s'est rapprochée du point mort au deuxième trimestre en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne et a stagné en France. Nicolas Sarkozy devait accueillir Angela Merkel hier après-midi à Paris, pour un sommet franco-allemand crucial sur la crise de la dette dans la zone euro et attendu avec fébrilité par des marchés en pleine tourmente et inquiets des mauvais chiffres de la croissance en Europe. Le président français et la chancelière allemande doivent se rencontrer au palais de l'Elysée et tenir une conférence de presse aux alentours de 18h30 suivie par un dîner de travail. Dans l'attente de cette rencontre, les bourses européennes perdaient plus de 2% hier matin, déçus par les chiffres de la croissance, qui s'est rapprochée du point mort au deuxième trimestre en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne et a stagné en France. Les marchés espèrent des annonces d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, qui doivent travailler à des propositions sur la gouvernance de la zone euro et dépasser leurs divergences de positions face à la crise de la dette. «Les marchés attendent un signe très fort: Y a-t-il un pilote dans l'avion pour gouverner la zone euro? Va-t-on enfin parler d'une même voix au sein du couple franco-allemand et cesser d'entretenir la cacophonie qui perdure depuis de longs mois et affolent les investisseurs?», demande un analyste parisien. Ni le sommet européen du 21 juillet sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, ni les déclarations politiques ces dernières semaines n'ont suffi à rassurer les marchés qui redoutent que la crise ne s'étende à des pays comme l'Espagne et l'Italie. Mais les espoirs des marchés pourraient être rapidement douchés. Berlin a en effet prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles, et ne veut pas entendre parler d'émissions d'obligations européennes, qui reviendraient à communautariser une partie de la zone euro. Les Allemands ne sont pas favorables non plus à une augmentation de la capacité de prêts du Fonds européen de stabilité financière (Fesf), actuellement fixée à 440 milliards d'euros. Ce fonds a pour but de soutenir les pays endettés de la zone euro et pourra à l'avenir, sous conditions, racheter sur les marchés de la dette de pays de la zone euro. Angela Merkel est sous pression de ses alliés libéraux et de certains de ses propres parlementaires, qui la mettent en garde contre tout laxisme à l'égard des autres Européens. Pour la plupart des analystes, l'objet de la rencontre est avant tout de discuter des garde-fous plus ou moins contraignants à mettre en place pour limiter l'endettement des pays de la zone euro, dans le cadre d'un éventuel renforcement du pacte de stabilité. Dans l'espoir de mettre un terme aux attaques des marchés, les dirigeants européens restent par ailleurs très mobilisés sur l'assainissement des finances publiques dans chacun de leur pays. Avant de rencontrer Angela Merkel, Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec le Premier ministre François Fillon au sujet des nouvelles mesures de rigueur à prendre, tenir son engagement à ramener son déficit sous la barre des 3% du Produit intérieur brut en 2013. Les décisions finales seront prises le 24 août. En Italie, Silvio Berlusconi s'est dit prêt à «écouter» de «nouvelles idées» pour améliorer le nouveau train de mesures d'austérité drastique déjà adoptées vendredi de 45,5 milliards d'euros sur deux ans. Craignant que ces cures de rigueur ne tuent la croissance, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a appelé les Etats du monde entier, à faire preuve de discernement. «Le rééquilibrage budgétaire doit résoudre une équation délicate en n'étant ni trop rapide ni trop lent», écrit-elle dans une tribune publiée par le Financial Times et intitulée «Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale».