La course à la présidentielle est-elle lancée? En multipliant ses sorties médiatiques, M. Soltani prépare le terrain pour se positionner à l'avenir. Le patron du MSP fait dans l'agitation. Bouguerra Soltani ne cesse de manifester son insatisfaction quant aux réformes politiques. Lors de sa dernière sortie médiatique, M.Soltani a été très critique. Il n'a pas caché son irritation quant au retard qu'accuse le gouvernement dans la mise en oeuvre des réformes politiques. Pour lui, le gouvernement traîne la patte pour passer à l'action. «Les lenteurs de l'administration qui ne suit pas la volonté politique déterminée à aller loin dans les réformes, portent préjudice à l'intérêt national», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse qu'il a animée lundi au siège de son parti. M. Soltani pointe du doigt indirectement son partenaire du RND, dans l'Alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia, d'être responsable de ce retard. «Quatre mois sont passés depuis le discours d'espoir du Président Bouteflika pour entamer des réformes politiques et les mesures techniques sont toujours au stade des concertations», regrette le dirigeant islamiste. M.Soltani est allé loin dans ses propos en usant d'un langage agressif à l'adresse du gouvernement. «Nous demandons que l'administration élève le niveau des réformes», a-t-il exigé. Il a menacé de rejeter en bloc ces «réformes». «Nous n'acceptons pas la médiocrité», a-t-il expliqué. Le patron du MSP a critiqué même le processus des réformes. Il a une fois de plus souligné la nécessité d'aller à la réforme de la Constitution avant la révision des autres textes de lois. «Le fait de limiter les réformes aux aspects législatifs et juridiques pour entamer les échéances de 2012 avant l'amendement de la Constitution, signifie l'ignorance des vérités essentielles qui pourraient faire des résultats des réformes un non-événement», a déclaré M. Soltani lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Il continue: «L'administration algérienne s'est habituée à la politique du copier-coller. Je ne parle pas que du ministère de l'Intérieur, celui des Finances fonctionne de la même façon. Certaines parties sont incapables de suivre les réformes exigées par le président; elles devraient se retirer de la compétition», affirme-t-il dans une allusion à peine voilée au Premier ministre, d'où la question de savoir le pourquoi de ces sorties intempestives contre le gouvernement. La conjoncture actuelle attise l'appétit du patron du MSP. Avec l'approche des échéances de 2012, le patron du MSP se fait de plus en plus visible sur le terrain. En multipliant les sorties médiatiques, M. Soltani prépare le terrain pour se positionner à l'avenir. Le gouvernement Ouyahia est devenu sa cible préférée. «Il y a une contradiction entre les déclarations du président et celles de l'administration. Le président parle du renouveau national et de la démocratie parlementaire mais dans les faits l'administration impose des quotas», a-t-il encore déclaré. Ces critiques expriment parfaitement l'ambition que nourrit le président du MSP. Bouguerra Soltani réclame depuis plusieurs années la tête de l'Exécutif. M.Soltani a même menacé de se retirer de l'Alliance présidentielle. Même s'il occupe des postes au sein de l'Exécutif, le MSP en veut davantage pour renforcer sa position en vue des prochaines joutes qui pourraient s'avérer décisives pour l'avenir du parti islamiste. En prévision de la présidentielle de 2014, M.Soltani commence d'ores et déjà à brouiller les cartes.