Electrifier le pays, en Algérie, c'est autant dire une option irréversible. Eclairer les chaumières, porter la lumière plus haut que les piémonts des régions montagneuses, fait partie des voies que notre pays a choisies pour rendre agréable la vie des Algériens. L'électricité partout! C'est un slogan qui conviendrait aisément à la situation qui prévaut aujourd'hui en Algérie. Mais attention, gare à l'optimisme béat! Qu'en pense Sonelgaz à propos d'une prise éventuelle de mesures visant à rationner l'électricité en Algérie? Rationner? Il y a certainement une confusion quelque part dans la mesure où contrairement à l'eau et aux autres produits fongibles, l'électricité n'est pas stockable. Dès lors, elle ne peut être rationnée. M. Benghanem, le P-DG de Sonelgaz s'en est pourtant largement expliqué l'autre jour. Résultat: on n'a pas encore saisi la nuance qu'il y a entre un réseau électrique et une retenue d'eau. Contrairement à l'eau la production d'électricité est constante et se fabrique non pas grâce à des turbines actionnées à l'onde, mais par du gaz naturel qui fait tourner un rotor à une vitesse V à l'intérieur d'un stator. Comme il serait fastidieux d'expliquer le pourquoi de la proximité de ces deux éléments (Stator et Rotor), disons pour simplifier que c'est là que réside le miracle. Par ce schéma on doit en principe comprendre qu'une usine de fabrication d'électricité, ne s'arrête pratiquement jamais de tourner sauf si elle est victime d'une panne comme celle du mois d'avril 2003 qui paralysa pratiquement l'ensemble du réseau national. La remise en marche a été effectuée par des ingénieurs algériens auxquels, il faut dire encore une fois chapeau bas contrairement à ceux qui, dans la technostructure de l'Etat, avaient cru bon de solliciter l'expertise de spécialistes étrangers, à coups de millions d'euros, bien entendu, pour prouver apparemment le contraire! Une démarche qui, non seulement n'honore pas ses commanditaires, mais qui nous rappelle que lorsque les chefs d'Etat algériens tombent malades, ils sont conduits systématiquement à l'étranger comme si nos médecins étaient des chiens galeux. L'électricité n'est donc pas stockable, mais comment se fait-il alors qu'il suffit d'appuyer sur un bouton pour qu'elle s'allume? C'est là justement que réside l'énigme que d'aucuns n'arrivent pas à comprendre. Et pour laquelle il est indispensable de savoir qu'un réseau est alimenté par des usines de fabrication fonctionnant 24 heures sur 24. Ainsi, tout va bien surtout quand on ne signale pas de demande de consommation supplémentaire. Situation positive par excellence qui ne pousse pas à se préoccuper de transfert d'énergie d'une région à l'autre, les capacités du réseau suffisant amplement à répondre aux besoins exprimés. Dans le cas contraire, c'est l'ensemble du réseau qui est sollicité pour compenser le manque à gagner constaté par des transferts instantanés vers la région où la demande aura fortement augmenté. C'est justement ce qui se passe à l'est du pays depuis quelque temps. Et comme à quelque chose malheur est bon, l'occasion a permis au patron de Sonelgaz de remettre quelques pendules à l'heure en révélant que si Sonelgaz fonctionne, c'est grâce à son encadrement. Un encadrement de qualité s'il en fut. Quant à l'investissement concernant la mise en place de nouvelles structures de production, il a, semble-t-il, tardé à arriver dans la mesure où si on l'avait mis en place il y a trois ans, on aurait sûrement évité les perturbations d'aujourd'hui. En énumérant les projets pour lesquels il venait d'obtenir le feu vert en matière d'investissements, le P-DG de l'entreprise a révélé que l'année 2008 connaîtra plus de stabilité du réseau, compte tenu des milliards de dollars qui vont y être investis. En attendant des mesures de délestage sont opérées à l'Est du pays, dans les cimenteries et à l'Ispat, notamment c'est-à-dire l'ancienne Sider, qui consomme beaucoup d'énergie et où il est question pour ses responsables, faute de solution de rechange classique, d'envisager d'acheter certaines quantités d'électricité en Tunisie dont la Sonelgaz s'est proposé d' assurer le transport gracieusement. Autre particularité de Sonelgaz : l'obsolescence de certaines de ses usines dont quelques-unes datent de plus de 40 ans. Enfin un appel à solidarité a été lancé par le P-DG de l'entreprise et qui consiste pour chacun des quatre millions de foyers qui consomment le produit Sonelgaz d'éteindre une lampe, une seule, de 100 watts par jour, pour voir le réseau aussitôt se stabiliser. C'est dire...