Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas a été reçu, vendredi, par le président américain George W. Bush. George W.Bush et Mahmoud Abbas se sont finalement rencontrés à la Maison-Blanche, où l'hôte des lieux, a eu de bons mots à l'endroit de son invité palestinien, Abou Mazen. En effet, que peut-on retenir, de cette première entrevue (aux Etats-Unis) entre les deux hommes, sinon que le président américain s'est astreint au minimum consistant, en l'occurrence, à reconnaître que le mur, («clôture de sécurité», selon les Israéliens), qu'édifie Israël autour de la Cisjordanie, constitue un «problème». M.Bush déclara à ce propos «Je pense que le mur est un problème et j'en ai discuté avec Ariel Sharon». Le président Bush, a «discuté» avec Sharon, la nuance est d'importance, du moment qu'il n'exige pas du Premier ministre israélien de se conformer aux engagements et obligations du gouvernement israélien. Toujours concernant cette «difficulté», George W.Bush dira: «Il est très difficile de développer la confiance entre les Palestiniens et les Israéliens avec un mur serpentant au travers de la Cisjordanie et je continuerai de discuter de cette question très franchement avec les Premiers ministres». Certes! Toutefois, dans la position (très) privilégiée qui est celle de Washington, rien n'empêche le président des Etats-Unis d'user de tout son poids et de celui de son pays pour convaincre les Israéliens à ne pas compliquer, plus que nécessaire, une situation déjà assez embrouillée. Mais, évidemment, on n'impose rien à Israël, alors on «discute», lorsque les Palestiniens sont constamment mis au pied du mur avec l'alternative: à prendre ou à laisser. Pourtant ce sont les Israéliens, avec la construction du «mur» qui font obstacle à l'avancée de la «feuille de route», plan international de paix devant aboutir à l'érection de l'Etat palestinien d'ici 2005. L'autre obstacle majeur reste la poursuite de l'implantation des colonies juives de peuplement qui obèrent toute velléité de trouver une solution pacifique au contentieux israélo-palestinien. Pour ce volet, - les colonies, le président Bush affirme «En ce qui concerne les colonisations, (terme employé par le président américain), je me suis toujours exprimé sur le besoin d'arrêter les colonisations. Et nous continuerons de travailler avec les deux parties sur ce sujet très sensible». M.Bush comprend que si obstacle, sur le chemin de la paix, il y a, cela est du fait du seul Israël qui multiplie, comme à dessein, les initiatives qui fâchent et qui peuvent remettre en cause le processus de paix en cours, comme la construction du mur et la poursuite des implantation juives. Sur la question des prisonniers palestiniens, le président Bush s'exprime de la même manière que Sharon, car selon lui «Personne ne veut laisser un meurtrier de sang-froid sortir de prison et cela contribuerait à faire dérailler le processus» de paix. Ce qui n'est pas l'avis de Mahmoud Abbas qui a fait observer, à juste raison, au président américain, qu'avec leurs moyens limités, les Palestiniens sont parvenus à réduire, depuis juin, la violence alors que les attentats contre Israël ont cessé indiquant «Nous avons obtenu des succès significatifs, alors qu'Israël, avec toute sa puissance militaire, a échoué à réduire la violence. Et nous continuerons». Autant dire qu'il est surtout question de la volonté réelle de Washington et d'Israël de donner toutes ses chances et son contenu au processus de paix d'une part, du fait que le contentieux proche-oriental est avant tout une question de lutte de libération d'autre part. Aussi, ne pas prendre en compte cet aspect récurrent du problème palestinien, pour le contenir au seul volet sécuritaire, comme l'exige Israël ne contribuera nullement à faire avancer la situation vers une solution équitable et définitive.