La loi électorale, le code de la wilaya, la représentation des femmes dans les assemblées élues, la loi sur les partis et le code de l'information seront débattus lors de cette session. La session d'automne des deux chambres du Parlement s'ouvre ce matin. Cet événement intervient dans un contexte particulier. C'est en effet durant cette session que l'arsenal juridique et législatif algérien sera remodelé. Ce qui fait dire à un parlementaire que cette session sera «politique par excellence». «On prévoit une rentrée parlementaire empreinte de grand activisme ayant trait au dossier des réformes politiques et les textes qui seront soumis au Parlement», a déclaré, hier, le député du parti El Islah, Filali Ghouini. Notre interlocuteur souhaite que les députés débattent des projets de loi qui leur seront soumis «loin de tout calcul politicien et de ce que leur dicte leur parti politique». Il s'agit de la loi électorale, du code de la wilaya, de la loi sur la représentation des femmes dans les assemblées élues, la loi sur les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire, la loi sur les partis politiques, le code de l'information et la loi sur les associations. «Les parlementaires doivent se rappeler qu'ils représentent le peuple qui est dans une situation de mécontentement pour lui éviter ce qui s'est passé dans les pays de la région», a souligné M. Ghouini. Ce dernier a conclu que «cette session sera beaucoup plus politique qu'autre chose», soulignant que cette reprise parlementaire intervient dans un contexte pas du tout comparable à celui des précédentes rentrées. Un constat non partagé par le député de la wilaya de Bouira, Ali Brahimi. Ce dernier estime que la présente rentrée ne diffère en rien des précédentes. Le contexte change la donne mais pas les mentalités, et encore moins la composante et les tendances à l'APN ou au Sénat. «L'opposition est très faiblement représentée au Parlement à cause de la fraude électorale, du boycott et du gel des activités des uns et des autres», a indiqué notre interlocuteur. Pour M. Brahimi, le pouvoir qui a initié les réformes aura le dernier mot «à moins, a-t-il suggéré, que la rue ne se mobilise pour exiger un véritable changement». Plus incisif, l'ex-député du RCD considère qu'avec les réflexes actuels, les projets de loi ne changeront pas grand-chose à la situation. «D'ores et déjà, à travers les informations distillées dans la presse, on peut dire que l'obstination à la fermeture reste de mise. Il suffit de s'en tenir au projet de loi électorale qui continue de donner un monopole à 9 partis politiques ainsi qu'au projet de loi sur les partis qui met cette institution militante sous la coupe du ministère de l'Intérieur et de l'administration», a-t-il soutenu. De leur côté, les partis politiques appréhendent la reprise parlementaire avec optimisme pour certains et scepticisme pour d'autres. «Comment se présente cette rentrée?» Les réponses respectives d'un membre de parti de l'Alliance présidentielle, d'un parti islamiste et d'un parti de l'opposition modéré, tous représentés à l'APN, permettent de constater cette différence d'approche. Moussa Touati, président du FNA est sceptique. «On n'est pas optimiste pour cette rentrée parlementaire et pour un Parlement de quotas», a-t-il dit. Pour lui, cette reprise ne ramènera rien de nouveau car, a-t-il expliqué, «le Parlement ne représente pas véritablement les Algériens et un fonctionnaire (le député Ndlr) ne peut représenter un peuple». «On n'a pas confiance en eux» (les députés), a-t-il tranché, estimant que les projets de loi n'ont pas l'obligation de passer par le Parlement car, «en principe, ils sont déjà adoptés». Miloud Chorfi, porte-parole du RND, ne partage pas l'avis de Moussa Touati. Pour lui, cette rentrée revêt un cachet spécial avec la soumission des projets de lois inscrits dans le cadre des réformes politiques. «Cette session est très importante (...) hautement politique et elle sera très chaude et riche en débats», a estimé M. Chorfi, citant les projets de loi roposés à la réforme. Notre interlocuteur estime que l'ensemble de ces lois auront à approfondir le processus démocratique du pays. Si pour le RND, cet approfondissement de la démocratie est une réalité, pour le mouvement El Islah, il demeure un souhait. «On espère que le Parlement accueillera ces projets de réformes avec un esprit de responsabilité, qu'il soit à la hauteur de la situation que nous vivons et au service d'une démocratie réelle et non de façade», a déclaré Hamlaoui Akouchi, secrétaire général de ce parti. Notre interlocuteur invite les parlementaires à profiter de cette dernière session de la présente législature pour servir, à travers les lois qui leur seront soumises, le peuple, le pays et la République au lieu de servir le régime politique.