Comment un Exécutif, dont les jours sont comptés, peut-il concevoir une politique à long terme ? Réuni lundi dernier, sous la présidence du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, le Conseil de gouvernement s'est particulièrement penché sur l'emploi des jeunes. Le Conseil a examiné et endossé, sur proposition du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, un projet de décrets présidentiels relatif au soutien à l'emploi des jeunes, un projet de décret exécutif fixant les conditions et les niveaux d'aide apportés aux jeunes promoteurs, un projet de décret exécutif portant création et fixant les statuts de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes et un autre portant création et fixant les statuts du fonds de caution mutuelle de garantie risques-crédits des jeunes promoteurs. Sur instruction du Président de la République, une série de conseils interministériels s'est tenue durant le mois de juin écoulé avec la participation de tous les secteurs impliqués par le dispositif de l'Ansej, y compris les banques. Ces délibérations ont permis une évaluation détaillée faisant ressortir les insuffisances constatées et les améliorations requises. Dans ce cadre, les projets de décrets examinés par le Conseil de gouvernement, visent à apporter des correctifs à l'effet d'améliorer le cadre réglementaire existant et de rentabiliser davantage le dispositif de l'Ansej. Cependant, les observateurs politiques estiment que ce regain d'intérêt pour le social n'est pas dénué d'un sens éminemment politique au moment où la campagne électorale pour la présidentielle a officieusement commencé. Par ailleurs, «les interrogations» soulevées par le Conseil de gouvernement pour se frayer un chemin débouchant sur une véritable alternative au plan social, tranchent avec la période d'illusions suscitée par l'Ansej. Mais la question qui se pose est de savoir comment un gouvernement dont la durée de vie se limite à quelques mois, peut-il concevoir une politique sociale à long terme? S'il s'agit de renforcer les instruments juridiques peut-on en conclure que l'Ansej en souffre sur ce plan? Cette structure (l'Ansej) placée sous l'autorité du Chef du gouvernement a constitué une bouée de sauvetage pour des milliers de jeunes chômeurs pour s'insérer dans la vie active notamment par la création de microentreprises. Rappelons que trois formules de montage financier sont proposées aux intéressés dans le cadre du dispositif microentreprise. Il s'agit de l'autofinancement quand le projet lui-même ne nécessite pas de gros investissements et où les futurs promoteurs peuvent se passer de crédits. La seconde formule est le financement mixte qui consiste en un apport financier du ou des jeunes promoteurs complété par un crédit sans intérêt, accordé par l'Ansej. Enfin, le financement triangulaire reprend la seconde formule avec un autre crédit bancaire, cette fois, dont une partie des intérêts est bonifiée par l'Ansej. Ces deux formules sont proposées quand le financement du projet est important et se repartit en quatre niveaux d'investissement: le premier est de moins d'un million de dinars, le deuxième entre un et deux millions, le troisième entre deux et trois millions et le quatrième niveau entre trois et quatre million de dinars. Outre ce montage financier, des aides conséquentes sont accordées aux futurs promoteurs qui consistent en des aides financières, fiscales et parafiscales.