le dernier virage de la course pour la présidence du parti est entamé. En fait, c'est dans une réunion ordinaire du bureau national du MSP que le nom de Abderrahmane Saïdi, un Blidéen très proche de la ligne politique de Mahfoud Nahnah, a fait surface dans les structures dirigeantes du parti. «Cela ne veut en aucune manière dire que c'est lui «l'heureux élu», qui dirigera le parti», précise une source très informée du MSP. «En réalité, ajoute-t-il, ce sont six noms qui émergent de fait et l'un d'eux sera notre président: il s'agit de Amar Ghoul, Bouguerra Soltani, Abderrezak Mokri, Mohamed Megharia, Abdelmadjid Menasra et, le dernier en date, Abderrahmane Saïdi.» Voilà donc le dernier virage de la course pour la présidence du MSP engagée. Avec cette prévision de taille à l'appui: les deux noms les plus connus, Menasra et Bouguerra, véritables lobbies du parti, risquent fort bien d'être éliminés de la course. Le premier est de la région de Tébessa, tandis que le second est d'Arris. Or, le jeu du régionalisme au sein du parti n'a pas été au goût du bureau national, réuni ces derniers jours à Alger, et qui a estimé que «tout doit être fait pour éviter un fractionnement des structures internes», sous le poids de ce régionalisme, justement. Il y a aussi autre chose : beaucoup d'hommes politiques en campagne contre Bouteflika et d'anciens officiers supérieurs de l'armée sont de l'Est, et Menasra et Bouguerra ne peuvent, de fait, échapper à ce jeu d'équilibre qui risque de ne laisser que des miettes au parti, en plus de lui valoir l'étiquette de «suiviste». Cette tendance «centrale» du MSP peut faire bénéficier un Blidéen comme Abderrahmane Saïdi et le placer en pole position. Mais là encore, il ne peut contester le poids des Ghoul, Mokri et Megharia. Les trois laders, qui ont plus un parcours très connu, sont médiatisés depuis plusieurs années pesant plus lourd, dans la balance que Saïdi. Même un Megharia, homme du juste milieu, pondéré et connu pour ses positions modérées (il a été choisi intérimaire du parti pour, justement, faire échec à toute velléité d'hégémonie de la part des outsiders) ne peut prétendre balayer d'un revers de la main les ténors du parti. En réalité, et si l'option du «centralisme» n'était pas retenue, il faudrait compter sur le quatuor Menasra-Ghoul-Bouguerra-Mokri. Chacun de ces 4 proches collaborateurs du cheikh possède ses clans, ses hommes, son audimat, ses alliances avec d'autres partis et ses propres affinités avec les responsables politiques et militaires du pays. Aussi, il serait tout à fait puéril de penser que c'est le seul souhait de la base du parti qui sera pris en compte. Les lobbies politico-militaires influents vont peser de leur poids sur l'un ou l'autre des candidats à la présidence du parti, selon leurs intérêts, leur stratégie et leur obédience. Il est attendu qu'un Bouguerra Soltani, homme connu pour ses positions à l'emporte-pièce et qui représente le courant radical au sein du parti, ne soit pas très appuyé par les cercles proches de l'armée. Le MSP, qui prend un virage important de sa vie, ne peut pas se permettre de rater pareille occasion de se racheter, après avoir connu une dernière année catastrophique, qui l'a relégué à la cinquième position. Ce parti, qui se targuait entre 1995 et 2000, d'être «la deuxième force politique du pays», reste important, aussi bien pour les autres partis, pour sa discipline et sa modération, que pour le pouvoir, qui en a plus que besoin pour contrer les islamistes radicaux.