«En démocratie, toutes les sensibilités ont le droit de s'exprimer. Les militants de l'ex-FIS peuvent s'organiser d'une manière ou d'une autre pour le faire», a-t-il dit. La polémique bat son plein concernant le retour à la vie politique des anciens de l'ex-FIS. L'avant-projet de loi sur les partis politiques, examiné dimanche en Conseil des ministres, prévoit des dispositions de prévenir contre la réédition de la tragédie nationale. Au lendemain de ce Conseil, les militants de l'ex-FIS ont exprimé leur déception vis-à-vis de telles dispositions. Ils se sentaient exclus. A cette polémique, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l'homme, apporte son point de vue. Dans son passage à l'émission, L'invité de la rédaction diffusée sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, M. Ksentini a expliqué que les militants de l'ex-FIS ne doivent pas être exclus de la vie politique. «En démocratie, toutes les sensibilités ont le droit de s'exprimer. Les militants de l'ex-FIS peuvent s'organiser d'une manière ou d'une autre pour le faire», a-t-il déclaré. Avec des termes plus clairs, l'invité de la Chaîne III a précisé que ces gens peuvent s'organiser au sein d'un autre parti politique ou adhérer à une formation. «Ils sont des Algériens comme nous tous et on ne peut les empêcher d'exercer leurs droits civils et civiques», a t-il dit. Et d'imposer une condition. «Les anciens du FIS dissous ont le droit de s'exprimer dans le cadre de la loi et sans avoir recours à la violence. C'est une exigence fondamentale. Ils doivent se conformer à la loi et arrêter de propager leurs idées», a-t-il dit encore. Mais, les textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sont clairs sur ce sujet. Ils interdisent aux personnes ayant eu les mains entachées de sang durant la tragédie nationale de revenir sur la scène politique. Que répond Me Ksentini à cette question dans une déclaration à L'Expression? «Vous avez entièrement raison de soulever cette question. Vous me donnez l'occasion d'apporter une précision de taille: les personnes dont je parle sont les militants qui étaient de simples adhérents et non pas les leaders et les responsables», a-t-il souligné. Pour Me Ksentini les gens condamnés ou bien des jugements ont été prononcés contre eux devraient être exclus de la vie politique. «Les décisions de justice doivent être respectées aujourd'hui et demain. Un parti légalement dissous ne peut revenir sur le terrain. C'est une chose que je conçois parfaitement. L'Etat ne revient pas sur les décisions de justice», estime-t-il. L'avant-projet de loi organique sur les partis politiques stipule, selon quelques articles publiés par la presse nationale, que l'exercice d'une activité politique est interdite aux responsables de la tragédie nationale, aux responsables de l'instrumentalisation de la religion et à toute personne ayant participé à des actions terroristes. Ces dispositions n'ont pas été du goût des personnes ciblées. Au lendemain du Conseil des ministres, des dirigeants de l'ex-FIS estiment que ces nouveaux textes de loi visent à interdire à une tranche de la société algérienne d'exercer «leurs droits légitimes et constitutionnels en toute liberté et conviction».