Les révoltes qui secouent depuis le début de l'année les pays arabes assombrissent leurs perspectives de croissance, surtout pour ceux qui importent leur pétrole, estime le FMI dans ses prévisions semestrielles publiées hier. Ils sont confrontés simultanément à la baisse des recettes liées au tourisme, au ralentissement des flux de capitaux et des transferts d'argent des travailleurs émigrés, tout en étant contraints d'augmenter les dépenses budgétaires pour tenter de calmer l'agitation sociale, indique l'institution monétaire. Si la situation des pays exportateurs de pétrole est bonne, «les perspectives pour les pays importateurs de pétrole sont beaucoup plus mitigées, notamment pour l'Egypte, la Syrie et la Tunisie, avec une croissance prévue de +1,5% en 2011» pour les pays importateurs pris dans leur ensemble. Elle devrait augmenter à +2,5% en 2012 en raison d'une reprise timide des investissements, souligne le rapport. La situation est particulièrement critique pour la Syrie qui va enregistrer un recul de son Produit intérieur brut (PIB) réel de -2% en 2011 alors qu'il avait progressé de +3,2% en 2010. Il ne devrait rebondir qu'à +1,5% en 2012. En Egypte, la croissance va chuter à -1,2% cette année et +1,8% en 2012 après +5,1% l'an dernier. Pour la Tunisie, le PIB devrait rester plat cette année avant de rebondir à +3,9% en 2012. Seul le Maroc parvient à tirer son épingle du jeu avec une croissance attendue de +4,6% cette année et de même ampleur l'an prochain, alors qu'au Liban elle devrait être respectivement de +1,5% et de +3,5%. L'indépendance en juillet dernier du Sud-Soudan, région productrice de pétrole, va avoir un effet sur l'économie du Soudan dont le PIB va reculer de -0,2% cette année et -0,4% en 2012 en raison de la perte de la manne pétrolière. Du côté des pays exportateurs de pétrole et de gaz, la situation est bien meilleure, à l'exception notable de la Libye dont Mouamar El Gueddafi, qui dirigeait le pays depuis 1969, a été renversé en août. L'Arabie Saoudite devrait enregistrer une croissance de +6,5% cette année puis +3,6% en 2012, les Emirats arabes unis de +3,3% puis de +3,8% et l'Algérie respectivement de +2,9% et +3,3%. L'économie irakienne, qui sort d'un long conflit consécutif à l'intervention militaire américaine en 2003, va décoller avec un taux de croissance du PIB de +9,6% cette année et de +12,6% l'an prochain. «Les conséquences mondiales de la crise en Libye et de la perturbation récente des exportations de pétrole ont été atténuées par une production accrue d'autres économies de la région, notamment l'Arabie Saoudite», indique le FMI. Mais les conséquences des révolutions pèsent sur tous: «L'instabilité politique a vu les primes de risque augmenter et les recettes liées aux investissements privés et au tourisme baisser, non seulement dans les économies des pays directement touchés mais à travers toute la région», écrit le FMI. «Toute aggravation de la situation politique exacerberait les difficultés économiques de la région avec le risque induit que la production de pétrole pourrait être davantage affectée avec des ramifications pour les marchés mondiaux», avertit le Fonds. Les gouvernements en place sont également soumis à forte pression pour augmenter les dépenses sociales et sous la forme de subventions pour les matières premières. «Des dépenses accrues sur les subventions pour les carburants et l'alimentation (la République d'Iran constituant une importante exception), s'accompagnant de pressions pour augmenter les salaires des fonctionnaires et les retraites soumettent les finances publiques à une forte tension, surtout pour les pays importateurs de pétrole, qui n'est pas tenable à moyen terme», prévient le FMI. Pour les pays non arabes de la région, l'Iran, un pays exportateur de pétrole, va voir sa croissance atteindre +2,5% cette année et +3,4% en 2012 alors que pour Israël, les chiffres sont respectivement de +4,8% et +3,6%.