Tira de Béjaïa, le seul éditeur qui pouvait participer avec un stand entièrement dédié au livre amazigh n'a pas pu prendre part à l'édition 2011 du Salon international du livre d'Alger pour des raisons financières. Ce n'est pas demain la veille que le livre amazigh aura un stand qui lui sera dédié dans le cadre d'un Salon de la dimension du Sila. Malheureusement, le livre amazigh sera le parent pauvre du Sila qui s'ouvre aujourd'hui au grand public. L'année dernière pourtant, une brèche a été ouverte grâce à la témérité de l'écrivain Brahim Tazaghart, également directeur des éditions Tira de Béjaia. Ce dernier, contacté hier par téléphone, nous a confié qu'il ne pourra désormais participer en tant qu'éditeur au Sila pour des raisons financières. En effet, la maison d'édition Tira, la première en Algérie à s'être spécialisée dans le livre amazigh n'a pas les moyens de louer un stand au niveau du Sila. De ce fait, le livre amazigh est fortement pénalisé. Grâce à la bonne volonté de Brahim Tazaghart, l'année dernière, il a pu marquer de sa présence le Sila en exposant à la vente quelques dizaines de livres en tamazight. Cette participation avait suscité un grand intérêt de la part du public mais aussi un immense engouement de la part des médias, aussi bien lourds que de la presse écrite. Brahim Tazaghart ne nous a pas caché sa déception voire sa frustration suite à ce recul. Depuis la création de la maison d'édition Tira, Brahim Tazaghart n'a pourtant pas cessé de se battre pour que le livre amazigh ait droit de cité. Mais le chemin semble encore sinueux. Selon notre interlocuteur, il n'est pas du tout facile d'écouler à peine 500 exemplaires d'un livre écrit en tamazight. Brahim Tazaghart s'étonne de cet état des lieux car, rappelle-t-il, tamazight est enseignée pratiquement partout dans les wilayas de Béjaïa et Tizi Ouzou. Le romancier-poète s'étonne que parmi les enseignants qui encadrent les cours de langue amazighe et parmi les élèves, il ne peut pas être puisé au moins 500 lecteurs. C'est un constat amer que dresse Brahim Tazaghart qui se pose des questions sur l'incertitude qui menace l'avenir de la lecture en tamazight et par ricochet, l'avenir de la langue elle-même. Brahim Tazaghart tient à rappeler toutefois que le problème du livre et de la lecture n'affecte pas uniquement le livre écrit en tamazight mais il concerne aussi les autres langues. Mais dans le cas de tamazight, la situation est plutôt alarmante, ajoute-t-il. Au niveau du Sila, bien qu'aucun stand ne sera dédié au livre amazigh, le visiteur aura toutefois la possibilité d'en dénicher quelques-uns dans divers stands. Cependant, les livres en tamazight seront noyés dans les dizaines d'autres écrits en langues arabe et française. Des éditeurs comme l'Odyssée et Baghdadi ont eu à publier plusieurs livres dans la langue amazighe et il prendront part au Sila. Il y a lieu de rappeler que dans les stands des éditeurs marocains, le lecteur aura la latitude de découvrir des livres en berbère. En revanche, dans le cadre des conférences programmées pour le Sila, aucune place n'a été réservée à la langue et à la littérature amazighes contrairement à l'année dernière.