L'annonce, à n'en point douter, constitue un véritable coup de pied dans la fourmilière. Le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a annoncé hier avoir déposé une plainte près les cours d'Alger et de Boumerdès à la suite «des graves anomalies» dont fait état le rapport de la commission d'enquête, chargée de poursuivre les investigations pour établir les responsabilités dans les effondrements des constructions. «Les graves anomalies relevées dans les conclusions du rapport ont amené le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme à déposer une plainte auprès des procureurs généraux des cours d'Alger et de Boumerdès», indique le ministère dans son communiqué. «Dans le corps de la plainte introduite, il est demandé aux chefs des deux parquets généraux de procéder à l'ouverture d'une enquête judiciaire à même d'établir les responsabilités des intervenants dans l'acte de bâtir, concernant les immeubles effondrés, ayant entraîné des pertes en vies humaines, ou ayant engendré d'importants dégâts matériels», précise la même source. Cette information était attendue, voire souhaitée par l'ensemble des observateurs et sinistrés. Certains, ne supportant plus d'attendre, se sont constitués partie civile, et ont personnellement fait appel à des bureaux d'études indépendants. De nombreux promoteurs, importateurs et fabricant de matériaux de construction, responsables d'Opgi et mêmes des organismes de contrôle technique sont concernés par ces enquêtes qui promettent pas mal de révélations fracassantes. Course à la présidentielle oblige, tout porte à croire que ce dossier va accaparer les devants de la scène médiatico-politique pendant de nombreux mois. Les magistrats instructeurs, croit-on savoir, vont commencer à convoquer l'ensemble des responsables soit concernés, soit impliqués dans les graves dégâts enregistrés à la suite du séisme du 21 mai dernier. Des mises en détention préventive ne sont pas non plus à exclure. Dans une précédente édition, en effet, notre journal avait indiqué en exclusivité que plusieurs barons de la mafia du bâtiment avaient été privés de leur passeport afin qu'ils ne puissent pas quitter le territoire national en attendant que l'enquête aboutisse. Sur instructions du Président de la République, le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a désigné, le 26 mai dernier, une commission technique chargée d'établir les causes de l'effondrement des immeubles et édifices publics, à la suite du séisme du 21 mai dernier. Celle-ci a remis un rapport préliminaire le 28 du même mois dont les conclusions ont été soumises au chef de l'Etat qui a aussitôt demandé de poursuivre les investigations par la désignation d'une commission d'enquête installée le 28 juin dernier et qui vient d'achever ses travaux par la remise du rapport. Tout le monde espère que le règne de l'impunité n'aura plus cours et que même les grosses têtes, impliquées dans ces affaires, ne seront pas épargnées.