A Rouiba, on utilise l'acier pour la réfection des fondations. Impensable pour les spécialistes. Les travaux de confortement, qui s'effectuent actuellement sur les bâtisses affectées par le séisme du 21 mai dernier inquiètent sérieusement les professionnels du bâtiment. Ces derniers estiment que les réfections se font d'une manière anarchique et ne correspondent à aucune norme de construction. Ainsi, le Dr Chelghoum, expert en génie sismique, a affiché, lors d'une conférence organisée, hier au Bastion 23, par le collège des architectes, son pessimisme quant à la manière dont s'effectuent ces «colmatages» des fissures. «Si on continuait de réhabiliter de cette manière, les bâtisses ne résisteraient pas à un séisme de magnitude 5 sur l'échelle de Richter», révèle-t-il. Pour illustrer ses propos, M.Chelghoum donne l'exemple de Rouiba dont les travaux de réhabilitation des fondations se font avec de l'acier. Ce qui est inacceptable dans le domaine du bâtiment, estime-t-il. «Nous avons adressé des dossiers au Conseil des ministres et au ministère de tutelle dans lesquels nous avons exprimé notre souci et nos quelques réflexions sur la façon dont les travaux doivent être effectués. Finalement, la sonnette d'alarme, tirée à maintes reprises, n'a pas été prise en considération», se désole le conférencier. Pour réussir ce genre de travaux sur des constructions profondément fragilisées, le docteur préconise des études de simulation pour avoir une idée sur le comportement des constructions en cas de séisme de différentes magnitudes. «Ces études donnent avec exactitude les différents comportements des bâtisses et la manière dont il faut procéder pour entreprendre des travaux de réhabilitation adaptés à chaque type de fissures», explique-t-il. Ce genre d'études n'est, malheureusement, pas appliqué chez nous. «Nous avons contracté la maladie de l'urgence, à savoir loger les gens n'importe comment pourvu que les stigmates d'une mauvaise gestion soient camouflés», dira le conférencier qui a conclu son intervention en lançant un appel au ministre de l'Intérieur, l'invitant à revoir le commandement des zones sinistrées non pas par l'installation des administrateurs à la tête des APC, mais plutôt par le déploiement d'un personnel compétent spécialisé dans le domaine de la construction. Enfin, les experts attirent l'attention sur le dépôt anarchique des gravats. «Il y a risque de propagation de maladies, car les gravats sont jetés n'importe où», explique M.Boudaoued, président du collège des architectes. En effet, 3 millions de mètres cubes de gravats sont jetés anarchiquement alors que les produits chimiques qui en émanent peuvent être néfastes à la santé de la population. Notre interlocuteur nous apprend que le ministre de l'Environnement a été saisi mais, visiblement, rien n'a changé sur le terrain.