Le Conseil national de transition (CNT) libyen tient samedi à Benghazi (est) une réunion qualifiée de «déterminante» sur la composition du gouvernement de transition, dont l'annonce avait été reportée sine die en raison de désaccords internes. Sur le terrain, les combats semblaient avoir marqué le pas autour des derniers bastions d'El Gueddafi, à Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) comme à Syrte (360 km à l'est de la capitale), que les forces du nouveau régime ont désormais atteinte également par l'est. Dans l'ancienne «capitale» rebelle de Benghazi, la réunion du CNT devait commencer avant midi (10H00 GMT). Elle sera suivie d'une conférence de presse du président du CNT, Moustapha Abdeljalil. Outre les discussions sur la formation d'un nouveau gouvernement de transition, la réunion sera aussi l'occasion pour M.Abdeljalil de faire part aux membres de CNT «de ses entretiens à New York, où il a pris part aux travaux de l'Assemblée générale de l'ONU», a expliqué un responsable du CNT. Un autre responsable a déclaré que la réunion serait «déterminante concernant l'annonce d'un gouvernement provisoire», et estimé qu'il était nécessaire de «parvenir à un accord sur le gouvernement avant la libération de toute la Libye». Un troisième responsable s'est toutefois montré sceptique: «Il n'y a toujours pas d'accord sur la composition du gouvernement ou le nombre de ses membres», a-t-il déclaré, sous couvert d'anonymat. «Il y a beaucoup de propositions, il se peut qu'il y ait un accord à la réunion de samedi, il se peut aussi qu'il n'y ait pas d'accord (...) et je crains que cela n'arrive vu les données actuelles», a-t-il ajouté. Mercredi à New York, le numéro deux du CNT et chef de l'exécutif, Mahmoud Jibril, a affirmé que la Libye serait dotée d'un gouvernement «dans une semaine à dix jours maximum». Il a précisé qu'un accord avait été trouvé sur l'attribution de «nombreux portefeuilles» et que des femmes et des jeunes auraient la priorité pour des postes de vice-ministres. La composition du gouvernement de transition devait être annoncée le 18 septembre, mais cette annonce avait été reportée sine die. Reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé début septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection au bout de huit mois d'une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard. Ce calendrier ne débutera cependant qu'après l'annonce de la libération de tout le pays, ce qui n'est pas encore le cas en raison de la résistance farouche de certains partisans d'El Gueddafi en particulier à Bani Walid et à Syrte. Sur le front de Bani Walid, où les forces du nouveau régime n'ont que très peu avancé dans la vaste oasis au relief accidenté depuis plusieurs semaines, les combats sont restés sporadiques vendredi. Et à Syrte, l'offensive marque le pas depuis plusieurs jours, même si les combattants du front est sont enfin parvenus aux portes de la ville vendredi soir, après une lente avancée le long de la route côtière. «Nous essayons de faire sortir les familles. On en est entre 400 et 500 voitures par jour. Nous essayons en quelque sorte d'affamer» les pro-Rl Gueddafi, a expliqué un commandant, Oussama Mouttaoua Soueily, selon lequel il n'y a plus ni eau, ni électricité et très peu de vivres à Syrte. Faisant écho aux déclarations de défi que l'ancien «Guide» en fuite a continué de distiller, sa fille Aïcha El Gueddafi a assuré vendredi soir que son père allait bien et combattait sur le terrain, dans une intervention téléphonique sur la chaîne Arraï basée en Syrie. «Soyez tranquilles, votre grand leader va bien, il porte les armes et combat sur les fronts», a déclaré Aïcha El Gueddafi, avant de s'en prendre aux responsables du CNT, les qualifiant de «traîtres qui ont rompu leur serment d'allégeance» au régime du colonel El Gueddafi.