Au moment où le secrétaire général du FLN est annoncé en Kabylie, ses pourfendeurs accentuent la pression. Les adversaires des résultats du 8e congrès n'en démordent toujours pas. Selon le président de la commission provisoire des contestataires au niveau de la wilaya de Tlemcen, Abdelwahab Baghli, 14 wilayas de l'Ouest se réuniront jeudi prochain à Oran. Le nom de la salle est tenu secret et ne sera divulgué qu'en dernière minute afin de déjouer l'éventualité d'une perturbation, disent-ils, de la part des partisans de la légalité, fidèles au secrétaire général de leur parti. A partir de cette assemblée générale, ajoute la même source, la coordination régionale de l'Ouest sera désignée. Les coordinations du centre, de l'est et du sud du pays seront également désignées à la suite de réunions similaires. A l'issue de ce travail régional, précise Baghli, la coordination nationale sera installée. Elle se réunira, à Alger, le 14 août avant de tenir son congrès quinze jours plus tard et de demander officiellement l'annulation du 8e congrès du FLN. Tout semble avoir été préparé avec minutie, avec l'aide de l'administration, on s'en doute, pour contrecarrer la candidature de Benflis au profit de Bouteflika. Désormais, les choses se précipitent et la stratégie des pourfendeurs de l'actuel secrétaire général du FLN, Ali Benflis, plébiscité par le 8e congrès du parti en mars dernier, semble avoir mûri. Pourront-ils renverser la vapeur? On leur prête surtout la collaboration de l'administration guidée par le ministre de l'Intérieur, Zerhouni, et celle de Abdelkader Hadjar, homme de main du Président. Dans une déclaration faite à la presse étrangère, Hadjar vient effectivement de confirmer la tenue d'un congrès FLN-bis pour la fin du mois d'août. Cependant, Abdelwahab Baghli se démarque du groupe de Hadjar. «On ne reconnaît ni Hadjar ni quelqu'un d'autre, on est un mouvement de base. Il s'agit de remettre en cause les résolutions du 8e congrès et les hommes viendront se greffer sur le programme», a-t-il déclaré précisant que le mouvement de contestation «n'a rien à voir avec la présidentielle». Il en veut pour preuve le fait que «la question sera tranchée lors du congrès qui sera organisé». De pareilles assertions ne tiennent pas la route. En effet, c'est Hadjar qui a déclenché ce mouvement contre les résultats du 8e congrès, pourtant tenu en toute transparence et en toute légalité. Ses actuels meneurs, changeant visiblement de tactique devant l'essoufflement de leur maître à penser, Abdelkader Hadjar, donnent l'air de se démarquer du Président alors que toutes les preuves et données montrent qu'il n'en est rien. Notre source, dans un sursaut désespéré visant à s'allier les dirigeants et militants légalistes du parti, ajoute que «Benflis lui-même peut se présenter s'il est plébiscité par le congrès», avant de conclure: «Notre préoccupation est de remettre en cause les résolutions du 8e congrès qui risquent de transformer le parti en appareil au service d'une personne au lieu de développer un programme.» Du côté du comité central du FLN, on annonce que le travail de terrain se poursuit normalement et la visite de Benflis en Kabylie est inscrite dans l'ordre du jour. «Il ne reste qu'à déterminer la date de ce déplacement», a déclaré, hier, Abdelkader Saâdi, membre du comité central. Interrogé sur le congrès parallèle qui se prépare, il affirme sans ménagement : «C'est la dérive, c'est l'opprobre et ce sont un mépris pour l'éthique et une violation flagrante de la pratique politique en Algérie auxquels nous assistons avec une complicité scandaleuse de l'administration», ajoutant que l'objectif recherché est de «montrer à l'opinion qu'il y a deux clans au sein du FLN qui se disputent la course à la présidentielle». Une déclaration lourde de sens surtout que d'autres personnalités du monde associatif et observateurs politiques avaient reproché à certains cercles du pouvoir de vouloir discréditer l'action partisane au sein de la société. Ces observateurs citent comme exemple la banqueroute subie respectivement par le RCD et le FFS en Kabylie ou sévit une crise «soigneusement» entretenue pendant plus de deux ans. Ne trouvant pas de mots assez forts pour qualifier «la dérive que subit le pays à travers l'injustice commise contre son parti», Abdelkader Saâdi s'est contenté de dire: «Jamais dans l'abécédaire de la pratique politique, il n' y a eu pareil cas: des militants de base qui se proposent d'organiser un congrès extraordinaire. Cela ne s'est passé nulle part ailleurs.» Dire que la complicité des pouvoirs publics dans ces graves dérives est dûment établie !