Ses opposants, qui ont beau jeu, lui reprochent la perte d'une soixantaine de sièges et de un million trois cent mille voix, par rapport aux législatives de 2002. Les résultats obtenus par le FLN lors des dernières élections législatives se sont répercutés en ondes de choc sur la cohésion de ce parti. Ces résultats, marqués par un net recul du FLN avec une perte de 63 sièges à l'Assemblée nationale par rapport aux élections législatives de 2002, ont non seulement créé une situation d'instabilité au sein de la formation majoritaire en bousculant les certitudes de l'actuelle direction qui a misé sur un raz-de-marée le 17 mai dernier, mais donnent également raison aux pourfendeurs de la démarche de Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général (SG) du parti et de son staff comptables de ces résultats. C'est ainsi que ces pourfendeurs, contestataires des listes électorales, insistent maintenant plus qu'avant les législatives sur la convocation d'un conseil national extraordinaire. Multipliant les rencontres dans plusieurs wilayas du pays (sud et l'Oranie notamment), après l'annonce officielle des résultats des législatives à l'effet de rallier un maximum de membres du conseil national à leur initiative, les animateurs de cette contestation n'en démordent pas jusqu'à l'aboutissement de leur démarche. Concrètement parlant, les initiateurs de cette démarche comptent bien totaliser un nombre de signatures atteignant la majorité absolue de 550 membres du conseil national, (50%+1) pour imposer au patron du FLN leur exigence. Selon une source proche de cette contestation, les commissions de suivi mises sur pied dans les quatre régions du pays (lEst, Ouest, Sud et Centre) avant les législatives aux fins de recueillir des signatures du conseil national au niveau des quarante-huit wilayas “progressent significativement”. M. Belkhadem et son staff, minimisant jusqu'avant la tenue des législatives l'ampleur de cette contestation, ont décidé depuis quelques jours de la prendre en considération. Comment ? Tout simplement en faisant sienne la tenue d'un conseil national. À plus forte raison que le conseil national du FLN ne s'est pas réuni dans sa session ordinaire depuis la tenue du congrès dit “rassembleur” de la coupole du 5-Juillet en janvier 2005. Une session extraordinaire de ce conseil s'est, par contre, tenue le 27 mars 2005, uniquement à l'occasion de la visite du Guide de la Révolution libyenne Mouammar Al-Kadhafi en Algérie. C'est ainsi donc que l'actuel patron du FLN est convaincu, nous dit-on, de la nécessité de la tenue d'un conseil national. Et c'est son entourage qui lui a conseillé vivement de ne pas laisser les choses évoluer à leur propre compte en prenant de court les contestataires via l'organisation d'un conseil national, nous explique une source très au fait des rouages du parti. L'entourage du SG du FLN lui a conseillé, nous explique-t-on, de “tenir ce conseil national pour absorber la contestation avant qu'elle ne prenne de l'ampleur”. Une explication qui risque d'être houleuse Lors de ce conseil national “inévitable” mais dont la date n'a pas encore été arrêtée, le secrétaire général du FLN devra s'expliquer longuement devant les membres de cette instance décisionnelle entre les deux congrès : “Belkhadem, qui endosse entièrement les résultats des législatives, devra s'expliquer non seulement par rapport à la perte de 63 sièges dans la nouvelle Assemblée nationale par rapport à l'ancienne, mais également et surtout par rapport à une perte de un million trois cent mille voix d'électeurs par rapport aux élections législatives de 2002”, note une source proche de la contestation qui explique que “les 199 sièges décrochés lors des législatives de 2002 ont été obtenus avec deux millions et 600 voix, et avec la perte de 63 sièges le FLN a perdu la moitié de son électorat de 2002”. “Ce qui constitue une véritable catastrophe pour le FLN”, considère-t-on. Aussi et au-delà, le patron du FLN devra répondre à des questions concrètes directement liées au score obtenu par son parti. À commencer par les raisons d'un score peu reluisant dans des wilayas, traditionnellement considérées comme le fief du FLN. C'est le cas à titre d'exemple de Ghardaïa (0 siège), Adrar (0 siège), Oum El-Bouaghi (1 siège), Tamanrasset (1 siège), Guelma (1 siège), Naâma (1 siège), Ouargla (1 siège), Khenchela (1 siège), Jijel (2 sièges), El-Tarf (2 sièges), Laghouat (2 sièges). L'autre question à laquelle Belkhadem devra être confronté est liée à la candidature des responsables du parti en dehors de leur wilaya d'origine. Il est connu à ce propos que les archs ont de tout temps eu leur mot à dire lors des rendez-vous électoraux et que les résultats des élections dépendent grandement de leur attitude par rapport aux candidats qu'on leur présente. M. Belkhadem, qui a placé des ministres en dehors de leur wilaya d'origine, est allé à contresens de cette donnée sociologique, indispensable et à laquelle il devra apporter des clarifications, estime-t-on encore Benhamouda, Yahiaoui, Hadjar et Bouhara Quatre figures du FLN rejoignent la contestation et tentent de profiter de cette situation de confusion succédant aux résultats des législatives. Il s'agit en l'occurrence de Boualem Benhamouda, ancien SG du FLN, Abdelkader Hadjar, ambassadeur d'Algérie au Caire, Abderezak Bouhara, vice-président du Sénat et Mohamed Salah Yahiaoui, un ancien responsable du parti. Chacun de ces quatre responsables se mobilise de son côté pour tenter de se placer dans la perspective d'une remise en cause du leadership de Belkhadem au sein du FLN. Tous revendiquent en aparté le poste de SG du parti. C'est en tout cas ce que soutiennent des sources généralement bien informées qui notent que Belkhadem a tout intérêt à absorber la colère militante lors d'un conseil national pour barrer la route aux ambitions de ce quatuor. D'autant qu'un autre rendez-vous pointe déjà à l'horizon : celui des élections locales prévues avant la fin de l'année en cours. M. Belkhadem, qui a eu à gérer le FLN depuis le congrès de 2005 en sa qualité de SG du FLN, a encore la possibilité d'empêcher ses détracteurs de satisfaire leurs desseins en prenant les choses en main et au sérieux. NADIA MELLAL