L'arrêt des exportations de pétrole a sinistré l'économie libyenne, ses recettes en devises ont chuté de près de 85%, quant aux pertes humaines elles sont inestimables. Un drame humain qui se traduit par une précarisation probablement, sans précédent, des populations qui subissent l'intervention militaire étrangère (Libye) pour les uns et la répression de leurs propres gouvernements (Syrie, Yemen...) pour les autres quand ce ne sont pas des violences provoquées par des considérations confessionnelles (massacres de coptes en Egypte) et religieuse (manifestations violentes des islamistes en Tunisie). L'instauration de la démocratie en Afrique du Nord et dans certains pays de la péninsule arabique ou du Moyen-Orient, si elle devient réalité, se paiera au prix fort. Le coût financier du «Printemps arabe» a été estimé selon une analyse effectuée par les consultants internationaux de Geopolicity, un cabinet conseil consultatif stratégique de réputation internationale dans le domaine de l'intelligence politique et économique pour le compte du FMI (Fonds monétaire international), à 55,84 milliards pour les 9 premiers mois de l'année. De janvier à septembre 2011, les économies libyenne, yéménite, tunisienne, égyptienne, syrienne et du Bahrein ont subi des pertes qui s'élèvent à 20, 56 milliards de dollars en ce qui concerne le secteur productif et de 35,28 milliards pour leurs finances publiques respectives. La Libye, l'Egypte et la Syrie subiraient le plus lourd tribut de ces soulèvements populaires. Quant au coût humain il s'élèverait à 846 tués en Egypte, plus de 2900 en Syrie... Avec «plus de 20.000 morts» depuis le début de l'insurrection contre le régime de l'ex-guide de la Jamahirya, le conflit libyen est sans conteste le plus sanglant. «Je ne dispose pas du chiffre exact, mais le conflit armé a fait plus de 20.000 morts», avait annoncé au mois d'août lors d'une conférence de presse à Benghazi, Moustapha Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion libyenne. Plus de 860 personnes ont trouvé la mort au Yemen, ce bilan a été établi sur la base d'un rapport adressé par des «jeunes de la révolution» à l'ONU. La facture estimée à 120 millions de dollars «sera d'abord réglée par les plus fragiles, les 45% de la population qui vivent, plutôt survivent, avec moins de deux dollars par jour» signalent les experts de Geopolicity. Le secteur du tourisme, qui a permis à l'économie égyptienne d'engranger 12,5 milliards de dollars en 2010, a vu le nombre de touristes baisser de près de 50%. Le PIB au pays des pharaons a subi une chute de 4,2%. Conséquence d'une importante hausse des dépenses publiques additionnée à une perte des recettes en devises estimée à 75 millions de dollars. La Tunisie, qui aurait perdu 2 milliards de dollars, l'équivalent de 5,2% de son PIB, a été touchée de plein fouet au niveau de son secteur touristique (principal fournisseur de recettes en devises), quant à son déficit budgétaire il a été estimé à 489 millions de dollars. Le royaume de Bahreïn, qui a été secoué par un soulèvement de sa population chiite, doit une fière chandelle à l'Arabie Saoudite. «Le 14 mars, 1000 soldats saoudiens et 500 Emiratis sont expédiés dans le royaume, sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe... La répression est sévère. Trente manifestants sont tués. Des centaines sont arrêtés», peut-on lire dans un article daté du 5 octobre, publié sur le site du quotidien français Le Point. Financièrement, la casse a été limitée. Le PIB de ce pays situé sur l'archipel du Golfe persique a chuté de 2,77%. «Ses dépenses publiques remontent de 2,1 milliards de dollars, notamment grâce aux 2600 dollars distribués à chaque famille pour désamorcer la colère», indique le rapport de Geopolicity. En Syrie d'où les informations ne parviennent qu'au compte-gouttes, la répression, qui n'a pas baissé d'intensité, aurait fait 3000 morts (civils) tandis que les violences «ont coûté environ 6 milliards de dollars, soit 4,5% du PIB», estiment les consultants internationaux de Geopolicity. Comme le malheur des uns peut faire le bonheur des autres, les pays occidentaux se tiennent en embuscade pour se partager le gâteau. Le coût de la reconstruction, rien qu'en Libye, est estimé à 200 milliards de dollars...Les «révolutions arabes» ne profiteront vraisemblablement pas directement à leurs peuples.