Depuis plusieurs mois, le marché du médicament est marqué par des pénuries récurrentes Le ministre Ould Abbès le crie haut et fort: «Des lobbys très puissants empêchent le bon fonctionnement et le développement de la santé en Algérie.» La santé est malade. Le constat est alarmant. Les preuves ne manquent pas. Des ruptures de stocks de près de 150 médicaments, des cancéreux qui attendent un rendez-vous de radiothérapie et des praticiens spécialistes de la santé qui vont entrer en grève illimitée à compter du 25 octobre prochain. Ce sont là quelques symptômes d'un mal qui ronge le secteur de la santé. Le ministre de tutelle, Djamel Ould Abbès, tente de répondre à ce malaise en entamant depuis quelques jours des rencontres avec les syndicats. Que veulent ces derniers? Les praticiens spécialistes de la santé publique réclament, entre autres, l'application d'un accord signé en mai dernier avec le ministère de la Santé, l'amendement du statut particulier en place et une révision du régime indemnitaire et des logements de fonction. En face, le ministère de la Santé a entamé un cycle de réunions avec l'ensemble des syndicats agréés dans le but de renforcer le système national de santé et améliorer ses performances. «Ce nouveau cycle de réunions entre dans le cadre du dialogue permanent avec les partenaires sociaux et vise la réunion de toutes les conditions allant dans le sens du renforcement du système national de santé et l'amélioration de ses performances», a indiqué le ministre. Quatre syndicats activant dans le secteur ont déjà été reçus, à cet effet, au siège du ministère pour débattre de la situation socioprofessionnelle des corps particuliers qu'ils représentent et du degré d'avancement de la prise en charge des points convenus, précise la même source, ajoutant que tous les autres syndicats régulièrement agréés sont programmés pour être reçus à tour de rôle. Le deuxième round a commencé hier. Le ministère fait état dans ce cadre de la mise en place d'un calendrier de rencontres à compter du 6 octobre 2011, conformément au courrier adressé aux syndicats, le 15 du même mois dans le cadre du dialogue avec les partenaires sociaux. Mais le secteur fait face à un autre problème encore plus grave. Depuis plusieurs mois, le marché des médicaments est marqué par des pénuries récurrentes et des perturbations diverses. La mainmise de la maffia sur l'importation du médicament fait que le secteur traverse une grave situation, au grand dam des patients, notamment les cancéreux. Cet état de fait a poussé, d'ailleurs, le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) à interpeller les pouvoirs publics sur l'urgence d'y remédier. «Le Snpssp dénonce la situation grave en matière de disponibilité des médicaments essentiels, responsable de dysfonctionnements importants dans la prise en charge du malade, et appelle à des solutions urgentes», a souligné le secrétaire général de ce syndicat, Mohamed Yousfi, lors d'une conférence de presse animée avant-hier à Alger. L'arrêt des appareils de radiothérapie a donné lieu à un émoi généralisé, y compris parmi les médecins exaspérés d'apprendre que leurs patients se meurent faute de soins. Le ministère de la Santé assure que tous les produits couvrant la pathologie d'urgence et les maladies chroniques sont disponibles ou en voie de l'être alors que les pharmaciens et les associations de malades se plaignent de la pénurie des médicaments. Des problèmes de santé publique font aussi leur apparition dans des zones enclavées. Le service civil, en vigueur depuis plusieurs années, n'a pas été du goût des médecins. L'année dernière, ils sont entrés dans un mouvement de grève de plusieurs mois pour réclamer la suppression de ce régime. Grèves à répétition, médicaments en rupture et cancer en progression ne sont pas les seules tares du système national de santé. On peut ajouter à cette liste le peu de transparence qui prévaut dans les cliniques privées où exercent aussi des médecins du secteur public accusés de d'orienter leurs malades vers des structures de soins payants. A cela s'ajoute le problème récurrent du manque de réactifs et des polémiques nées de la disponibilité des vaccins comme lors des épidémies de la grippe. Ce problème renvoie aussi à la situation complexe entretenue par le secteur de la santé avec les laboratoires étrangers. Le ministère veut porter à 70% la production nationale du médicament dans quelques années afin de réduire la facture d'importation. Le remède au mal de la santé commencera-t-il par la disponibilité du médicament?