Les putschistes comptent revenir à la charge dans deux semaines. Ce jeudi, le Palais des expositions a été le théâtre de violents affrontements entre partisans des résolutions du 8e congrès et adversaires farouches de ces dernières. Le pire, cette fois-ci, n'a pas été évité. Des sources concordantes, rencontrées sur place ou jointes par téléphone, parlent d'une quinzaine de blessés, dont deux dans un état grave. Le sang a coulé. Il y a bel et bien risque de mort d'homme. Les choses sérieuses ont commencé. Elles ne pourront qu'aller en s'aggravant puisque les deux camps campent farouchement sur leurs positions. Si-Afif et ses ministres, restés fidèles au Président, dénoncent «les agressions dont ils ont été victimes. Mais promettent que rien ne (les) arrêtera.» A ce titre, dans un point de presse improvisé jeudi après ces graves incidents, les tenants de la ligne anti-Benflis ont promis qu'ils «iront jusqu'au bout». En clair, «une rencontre similaire est attendue dans deux semaines, probablement le 28 de ce mois». Le lieu de cette seconde tentative n'a pas encore été fixé. Mais les anti-Benflis ne veulent rien moins que mettre en place une commission exécutive chargée de préparer un second congrès, huitième du nom, en vue de faire partir l'actuelle direction du FLN, à commencer par Ali Benflis. En dépit de la terrible mêlée qui a caractérisé les lieux dès que les pro-Benflis ont réussi à investir la salle usant de chemins de traverse, forçant les quatre hauts responsables, Tou, Barkat, Louh et Harraoubia, à s'enfuir par des fenêtres cassées, quelqu'un a réussi à donner lecture d'une motion dans laquelle le ton a paru irrité contre Zerhouni, n'osant plus s'investir assez aux côtés des putschistes, refusant toujours d'agir en prenant en ligne de compte «les centaines de lettres de recours qui ont été transmises à ses bureaux». Les fidèles de Benflis, eux, par la voix de Abdesselam Medjahed, promettent de traquer les «autres où qu'ils aillent et quel que soit l'endroit qu'ils choisiraient pour se réunir». Les choses sont, désormais, allées trop loin. Les risques de mort d'homme ne sont plus une simple vue de l'esprit. Le FLN, dont le poids ne fait de doute pour personne, risque de provoquer pas mal de dégâts si d'aucuns s'évertuent toujours à tenter de le récupérer, quitte à le casser en deux chemin faisant. Ce jeudi, les militants, floués dans leurs dignité et intégrité morale et physique, étaient nombreux à scander des slogans hostiles à Zerhouni et à crier haut et fort être prêts à tout, absolument tout, pour défendre les acquis durement payés de ce parti après une assez longue période de traversée du désert. Si les autorités persistent à permettre les activités et les réunions des anti-Benflis, elles devront, indiquent des cadres du FLN, assumer seuls les graves conséquences qui en découleront, y compris si des décès sont enregistrés et si l'instabilité gagnait du terrain et venait à s'installer dans la durée comme le craignent certains. Ces gens, en effet, agissent à présent à visage découvert sous la houlette de deux associations estudiantines, l'Onea et l'ARE. La loi l'interdit formellement. Il appartient aux autorités concernées de faire en sorte que le sang ne coule plus. Une lourde responsabilité historique et politique pèse sur leurs épaules.