Pour le régime des taliban, c'est le commencement de la fin. Acculé par les bombardements, réalisant la disproportion des forces, le mollah Omar tente de sauver son pouvoir. La filière de contacts que les Américains entretiennent avec Kaboul leur a fait parvenir une proposition de négociation, dont le point de départ serait l'extradition de Ben Laden vers un pays tiers, qui serait «neutre dans le conflit américano-afghan,» selon les termes de Mme Rice, conseillère du président Bush pour la sécurité nationale. Pour le président américain, «il n'y a rien à négocier. Cette guerre doit déboucher sur la chute du régime des taliban.» La position du gouvernement pakistanais est celle qui a le plus déçu le régime de Kaboul, et participé à son affaiblissement. Malgré la violence des manifestations de la rue, Mme Rice estime que «les manifestants ne représentent pas l'opinion des musulmans. Ces derniers connaissent trop bien le terrorisme dont ils sont les premiers à souffrir, et ne se laisseront pas tromper.» Le secrétaire d'Etat, Colin Powell, pour sa part, fait une tournée en Asie du Sud-Est pour «renforcer la coalition et rappeler que les exigences américaines ne concernent pas que Ben Laden, mais aussi tous ses complices, ainsi que le démantèlement de Al-Qaîda et des réseaux disséminés dans le monde entier». Maintenant que les USA ont rejeté la dernière tentative des taliban, c'est l'option guerre totale contre un régime, contre une organisation dont les ramifications dépassent l'Afghanistan et les seuls intérêts américains. Dans cet ordre d'idées, Le New York Times d'hier, lundi, ouvre sur une critique virulente contre l'Arabie Saoudite qui, «non seulement refuse de collaborer avec l'armée américaine, mais refuse aussi de geler les avoirs de Ben Laden et des Saoudiens qui le soutiennent et le financent à partir de Riyad.» Le quotidien new-yorkais reproche à la Maison-Blanche son laxisme et sa bienveillance pour «un régime absolutiste qui a toujours soutenu le terrorisme, quand il ne l'a pas suscité». La violence d'une telle réaction s'explique surtout par la proximité financière et éditoriale de ce quotidien avec le lobby sioniste aux Etats- Unis, et constitue une réaction à l'appel du président Bush pour l'application de la résolution 242 de l'ONU, qui stipule qu'Israël devait se retirer dans ses frontières d'avant la guerre du 6 juin 1967.