Le secrétaire général du premier parti du pays évoque un soutien actif et agissant en faveur d'une «société des libertés». Le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, a tenu à exprimer sa solidarité agissante avec la presse victime d'un harcèlement sans précédent de la part des pouvoirs publics. Il a, à cette occasion, été l'hôte de notre journal hier, en début d'après-midi. Très simple, dans une tenue décontractée et de bon ton, le premier responsable du FLN a écouté les mots de bienvenue et les explications que lui a fournies le directeur de L'Expression à propos de cette affaire. Ali Benflis, concis mais précis, a tenu à indiquer que «cette visite vise à exprimer sa solidarité totale envers la presse», rappelant au passage à ceux qui se sont rendus coupables de cette curie «que nous sommes en 2003, nous avons dépassé de loin les années 1970. Les Algériennes et les Algériens oeuvrent à la construction d'une véritable démocratie, une société de libertés», insistant sur le singulier pluriel de ce dernier mot. «Je ne me trompe pas d'époque, a tenu à signifier Ali Benflis, en pesant fort sur chacune de ses syllabes, c'est le message que j'ai voulu faire parvenir aux gens persécutés de la presse». Benflis, ce disant, a tenu à indiquer qu'il s'exprimait en tant que secrétaire général du FLN et ancien bâtonnier (donc éminent homme de loi). Cette visite, qui a donné un regain de vigueur aux travailleurs de L'Expression, a été caractérisée par une longue intervention de Ahmed Fattani qui a expliqué à son hôte que «la suspension est politique puisqu'elle ne comporte pas la moindre justification économique comme le prétendent certains». Il a ajouté que «des journaux suspendus se sont acquittés la veille, dimanche, de leurs dettes sans que les imprimeries acceptent de les tirer». Notre journal, lui, a donné un chèque contenant l'intégralité de nos dettes, y compris les deux mois de juin et de juillet ce qui contredit les clauses du contrat qui nous lie à la SIA. Les premiers éléments d'information ne permettent pas de dire que nous allons être imprimés. Tout porte à croire, donc, que le lecteur devra se contenter de nous lire sur notre site électronique en attendant que le pouvoir revienne de ses grossières erreurs et fasse marche-arrière. Dans le même temps, Ali Benflis a rendu public un long communiqué abondant dans le même sens et dans lequel il est revenu en détail sur cette grossière machination indiquant, à propos de ses auteurs, qu'ils «se trompent une nouvelle fois de peuple, de société et d'époque», ajoutant que le peuple algérien, lui, «ne s'y trompera pas». Particulièrement virulent, reflétant parfaitement l'image du parti autonome qu'est devenu le FLN, Benflis indique que les auteurs de cette cabale ont «tenté de donner de notre pays une image qui n'est pas à la mesure des nobles aspirations du peuple algérien à la démocratie, à la modernité et à la liberté». Le patron du FLN estime, à la suite de ces suspensions politiques, que «des milliers, voire des millions d'Algériennes et d'Algériens, ont été privés de leur droit d'accéder à l'information par le biais des canaux qu'ils se sont librement choisis». De leur côté, estime Benflis, «les professionnels de la presse ont été privés d'exercer leur droit à la liberté d'expression et empêchés d'assumer leur devoir d'informer». Explicitant avec une remarquable lucidité l'acte commis par le pouvoir, Benflis estime que ces suspensions arbitraires représentent en sus «une nouvelle forme d'atteinte aux libertés que l'on fait subir au peuple algérien dans ce qu'il a de plus cher et de plus précieux, sa dignité et sa citoyenneté». Mais l'espoir demeure malgré tout permis. Aujourd'hui plus que jamais. Explication: «Triste aurait été le spectacle offert aujourd'hui par mon pays, n'était l'élan extraordinaire de mobilisation et de solidarité des acteurs politiques de la société civile et d'une manière plus générale des citoyens...». Le combat pour la liberté et la démocratie est devenu celui de tous les Algériens. Le pouvoir ne l'a pas encore compris, ou bien refuse de l'admettre, ce qui revient au moment et sera très lourd de conséquences pour son devenir à lui... En définitive, Benflis, plus résolu que jamais d'aller jusqu'au bout de son courageux combat, indique qu' «il est du devoir du secrétaire général du FLN, un parti qui se place à l'avant-garde de la lutte pour les droits de l'homme, de vous (les titres de presse suspendus) marquer sa solidarité agissante et indéfectible».