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Les 48 heures qui remirent les choses à l'endroit
MENACES DU POUVOIR CONTRE LA PRESSE
Publié dans L'Expression le 19 - 08 - 2003

En sommant les éditeurs d'apurer les dettes dont ils seraient redevables envers les imprimeries d'Etat, les mandants commettent ainsi une erreur tragique.
La crise qui secoue les milieux de la presse nationale aura paradoxalement remis les choses à l'endroit en ce sens que la mince couche d'urbanité, dont faisait montre le pouvoir, et qui fit longtemps illusion, s'est diluée laissant à nue la nature totalitaire d'un régime qui s'est imposé par les oukases et estime n'avoir pas de compte à rendre au peuple qui l'a fait roi. La presse nationale, en dévoilant les scandales et autres passe-droits dont s'étaient rendus coupables des membres du cercle rapproché du Président, -éclaboussant même le Président Bouteflika, lui-même, s'attendait, et avec elle les citoyennes et citoyens algériens, à des démentis fermes, des explications, fussent-elles apprêtées-, voire à des assignations devant la justice, pour, à tout le moins, donner aux mis en cause le loisir de se défendre. Walou ! Silence radio sur toute la ligne.
En revanche, et ne se départant pas par là d'une exécrable habitude, le pouvoir choisit la manière brutale, le bâton, dont il est coutumier. En sommant les éditeurs d'apurer les dettes dont ils seraient redevables envers les imprimeries d'Etat, les mandants commettent ainsi une erreur tragique. Or, ces créances, comme ont pu le démontrer les directions des journaux incriminés, ne viennent à échéance qu'au mois de septembre prochain.
Ce n'est pas la première fois que la presse a eu maille à partir avec le pouvoir, mais il semble que cette fois-ci les princes qui nous gouvernent acculés et aux abois n'ont même pas cherché à louvoyer ou à donner un semblant de crédit ou de forme à cette mise en demeure. Du coup, ce sont les sociétés d'impression qui sont instrumentalisées à leur corps défendant dans une affaire qui n'avait à l'évidence aucun caractère commercial.
De fait, un responsable de la SIO d'Oran a été jusqu'à avouer que cette affaire les dépassaient.
Ce qui n'est guère étonnant, les tenants du pouvoir s'étant toujours servis à discrétion des institutions de l'Etat pour ne point assumer leurs responsabilités, si cela se trouve, dans les dérives qui discréditent gravement l'Etat. N'ont-ils pas été jusqu'à se confondre avec l'Etat, affirmant entre autres, qu'ils «sont l'Etat» et par là protégés par la loi au même titre que les institutions publiques et la Constitution du pays. Dans l'affaire Betchine-presse nationale (procès avec Liberté, El Watan, Le Matin notamment) le général à la retraite Mohamed Betchine, conseiller du président Zeroual, n'a-t-il pas été assimilé à une «institution nationale», et les journaux explicitement accusés sous ce corps de délit.
Des hommes qui dirigent momentanément le pays, - les longs règnes dictatoriaux sont bien révolus -, se considèrent ainsi comme absous de toute remarque ou de toute accusations et qu'ils ne sont astreints à aucune restriction ou contrôle de la part des citoyens.
Ce qui faisait d'eux des hommes au-dessus des lois du pays, intouchables et n'ayant de comptes à rendre ni à l'Etat qui les emploie et encore moins au peuple qui les a élevés dans ces responsabilités. Depuis l'indépendance cela est même la norme, le contraire constituant épisodiquement une exception, à l'instar de la démission du président Zeroual qui n'a pas accepté qu'on lui force la main dans les tractations des «décideurs» avec l'AIS.
Dans un pays où les «décideurs» s'entourent d'opacité, il ne peut pas y avoir d'Etat.
Car dans un Etat, et à plus forte raison dans un Etat de droit, ceux qui décident sont élus par les citoyennes et les citoyens sont connus et éventuellement rendent des comptes autant aux électeurs qu'à l'Etat (cf. les affaires du président américain Bill Clinton, ou plus récemment celle du président français Jacques Chirac). La crise de la presse perdure en fait depuis le début des années 90 et le libéralisme induit autant par la «révolte» d'Octobre 88, que par les évolutions ayant transformé la carte géopolitique du monde. Aussi, dans un Etat totalitaire, seul le pouvoir produit l'information, interdisant par là toute appréciation des faits et des événements autre que la sienne.
Or, dans l'Algérie de 2003, les choses ont beaucoup changé et d'autres acteurs de la vie politique, économique, médiatique et sociale produisent cette information qui permet aux Algériennes et aux Algériens d'être mieux informés, avec un aperçu de l'état des lieux leur permettant de se forger leur propre opinion.
La presse algérienne a joué un rôle central dans cette évolution vers la libération de l'information, ce qui ne veut pas dire, faut-il le souligner, que c'est la démocratie.
La liberté d'expression n'est en fait que l'un des vecteurs de la démocratie, mais l'importance intrinsèque est qu'elle induit un certain contrôle sur les hommes qui nous gouvernent. Mais tout compte fait, ce contrôle était en réalité illusoire, car il fonctionnait, pour le pouvoir, comme une soupape de sécurité, tant que la presse se contentait d'ouvrir ses colonnes à une opposition sans envergure, ou même s'impliquant elle-même dans une objection assez boiteuse ne remettant pas en cause le rapport de force existant.
De fait, le pouvoir a réagi en 1998 lorsque la presse s'est fait le relais des questionnements sur les enrichissements sans cause et autres problèmes d'argent qui agitaient le landernau. Le pillage en règle des biens de l'Etat fomenté par le cercle rapproché du Président, que la presse avait mis en exergue dans des dossiers explosifs, aura ainsi piégé les tenants du pouvoir qui n'avaient aucune parade pour réfuter des accusations selon toute apparence imparables.
M.Bouteflika, qui n'avait que mépris pour les «mégères de bains maures», tel qu'il qualifia la presse nationale dès sa première prise de parole en tant que candidat du «consensus», et son équipe en voulant parer au plus pressé auront surtout confirmé devant le peuple algérien médusé la véracité des informations données par la presse dont Ouyahia a décidé la suspension.
La presse nationale a donc vécu quarante-huit heures qui, tout à son honneur, remirent les choses à leur place et chacun face à ses responsabilités.
Le pouvoir a préféré la fuite en avant, une fin de mandat bien triste pour Abdelaziz Bouteflika dont le règne tourne quelque peu en eau de boudin.


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