Il faut mettre de l'ordre et de l'éthique dans la distribution du médicament. L'Agence nationale du médicament sera relancée en urgence. C'est le président de l'Ordre national des médecins, Mohamed Bekkat Berkani, qui en a fait l'annonce, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «L'Agence doit être installée le plus tôt possible», a-t-il précisé. Cette annonce intervient au lendemain d'une réunion interministérielle consacrée à la pénurie du médicament lors de laquelle le Premier ministre a instruit le ministre de la Santé de relancer cette Agence. Créée en 2008, cette structure a sommeillé depuis alors que la situation empirait de plus en plus. «Enfin, nous voyons le bout du tunnel! Cette agence sera indépendante de l'administration centrale. Nous avons toujours demandé l'application du texte de 2008 pour réguler le marché du médicament, l'importation et la production», a expliqué l'invité de la Chaîne III. La relance de cette agence fait suite aux assurances monotoniques du ministre de la Santé lesquelles avaient suscité de l'espoir chez les malades chroniques confrontés à des pénuries de médicaments. Mais, les patients ont très vite déchanté. Et pour cause, dans les pharmacies, la situation n'a jamais évolué et fait craindre le pire. D'une pénurie à une autre, jusqu'à la rupture des stocks, le gouvernement est rattrapé par la réalité et compte réparer les dégats dus à une mauvaise gestion. Pour M. Mohamed Bekkat Berkani, «cette agence doit être en mesure de prendre des décisions commerciales ainsi que celles relatives à la pharmacovigilance et aux médicaments génériques». Avec l'installation de cette agence, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, considère que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) ne sera qu'un organisme de stockage et de distribution. «La PCH doit donc jouer ce rôle de stockage pour alimenter les secteurs public et privé», a-t-il noté. D'ailleurs, il préconise qu'il faut avertir à l'avance les fournisseurs pour qu'ils puissent mettre à disposition les médicaments ou la matière première. L'invité de la Chaîne III explique que l'Agence doit travailler avec les vrais experts pour les médicaments nécessaires aux pathologies existantes en Algérie. «Par le passé, la gestion administrative des médicaments nous a amenés à l'impasse actuelle avec le risque de pénurie et de difficultés d'approvisionnement. Il faut que l'Agence puisse déterminer les médicaments essentiels, commander en temps utile, décider du rapport qualité-prix et avoir toutes les possibilités de manoeuvre», a-t-il recommandé. La nouvelle agence aura, d'après lui, la tâche de contrer ces moyens de pression. «Je n'irai pas jusqu'à parler de mafia du médicament ou de surfacturation. Il appartient aux autorités de déférer devant les tribunaux les personnes qui ont manqué aux règles commerciales. Il faut mettre de l'ordre et de l'éthique dans la distribution du médicament», a-t-il souligné. Selon lui, les 4% du PNB consacrés à la santé en Algérie ne sont pas suffisants. «Cela dit, l'Algérie doit utiliser son pouvoir financier pour acheter les médicaments qu'il faut au moindre coût et privilégier le générique (...). Il faut casser le cercle vicieux du lobbying exercé sur les décideurs au niveau des hôpitaux et du personnel technique», a-t-il noté.