Placé sous le signe du mot «trace», la 3e édition du Festival culturel international de la danse contemporaine qui se tient à Alger a vu son coup d'envoi officiel le 20 novembre, pour se terminer le 26 du même mois. Plusieurs pays y participent dont certains ont été déjà représentés lors des précédentes éditions, à l'instar de la France, la Suède, le Portugal et la Syrie. Si on se réfère aux débats des conférenciers qui ont eu à donner plus de détails concernant cette danse, «Trace» qui voudrait dire repère, entre dans un contexte paradoxal, sachant que cet art ne fait pas partie du patrimoine immatériel de chaque nation et ne répond pas aux normes reconnues universellement comme celles des ballets, des danses classiques et folkloriques. Ce nouvel art ou danse aujourd'hui, est apparu aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Son épicentre s'est déplacé d'abord en Europe où il a trouvé son terrain de prédilection pour s'implanter ensuite au reste du monde. Il s'inspire d'un mouvement de pensée mais plus aussi inventif, plus aussi léger et plus aussi facétieux qu'autrefois. Il crée ses codes qui vont au-delà des règles de référence autour du corps. Ces règles non codifiées sont souvent sujet à modification, selon l'inspiration des chorégraphes mettant en exergue différentes disciplines. Il affiche un rituel transgressant les habitudes chorégraphiques, pour redéfinir le corps et partager ses émotions. Le rapport entre la danse contemporaine et les autres danses du point de vue structurel, résulte des modifications de sa structure artistique par de nouvelles approches en inventant de nouvelles définitions du corps. Lors d'un débat animé par M.Mohamed Badawi à l'occasion de cette édition, cette discipline a été plus ou moins détaillée, essayant d'expliquer et de faire connaître cet art sous ses multiples facettes. En effet, il définit la danse en général comme étant un acte individuel, mais déterminé, identifié et marqué socialement. «Il est difficile de réprimer le corps, quand celui-ci a envie de fusionner et de répondre au rythme», a-t-il dit. Certes, rares sont ceux qui restent insensibles quand un rythme stimule leurs pulsions et les pousse à manifester des mouvements cadencés, ne serai-ce que timidement. La danse contemporaine est d'abord une danse de la parole et de l'esprit; un outil heuristique permettant de redonner un sens au corps même dans sa dimension la plus archaïque. «Pour que la musique, le chant la peinture, etc. soient de haute facture, qu'elles deviennent des valeurs sociales et culturelles, il faudrait qu'il y ai des interprètes qui maîtrisent l'art. Mais pour la danse, il suffit d'un déhanchement, d'un geste pour mériter le nom de danse alors j'en déduis que la danse est l'art populaire par excellence.» Il ajoute que «la danse, c'est le triomphe du corps sur l'esprit, c'est-à-dire que notre condition terrestre va s'exprimer plus fort que notre condition spirituelle». Toutes les danses ne sont qu'un ensemble de gestuelles qui, répondent à des normes académiques contrairement à la danse contemporaine qui, elle, ignore ces normes pour développer sa propre conception esthétique qui met en évidence des originalités physiques et psychologiques exprimant un vécu imaginaire ou émotionnel, mais rejeté dans son ensemble par les professionnels. Les troupes qui se sont produites ont toutes démontré ce rituel fait de gestes qui, de prime abord, paraissent loufoques mais qui laissent échapper pour le regard attentif des symboles forts d'un langage particulier. Saura-t-elle se maintenir parmi les danses dites classiques des danses d'opéra lesquelles, au demeurant, affichent un rituel anachronique, qui n'a développé aucun signe d'évolution par rapport à la danse contemporaine en perpétuel changement? Wait and see.