Soltani a appelé à l'organisation d'un référendum sur les réformes politiques. Au tout début, c'était la secrétaire générale du Parti des travailleurs qui a déblayé le terrain et ouvert une piste. Il y a deux mois en effet, Louisa Hanoune avait appelé le président de la République afin qu'il intervienne pour sauver les réformes qui, selon elle, «sont déviées et vidées de leur sens». Et voilà que le MSP emprunte les mêmes sentiers tracés par le PT. N'étant pas satisfait du rythme et du contenu des réformes, Bouguerra Soltani a appelé le président de la République à «intervenir rapidement» pour «sauver son initiative (les réformes, Ndlr)». C'est dans un communiqué qui a sanctionné la réunion de son bureau exécutif, hier, que le MSP a renouvelé son appel. Il est demandé au chef de l'Etat de «prendre ses responsabilités». Le MSP propose que ces réformes soient soumises à un référendum populaire. Ce membre de l'Alliance présidentielle découvre subitement ce que ces réformes n'ont pas pris en compte: «Les résultats des consultations ont noyé les réformes, taillées sur mesure, dans le volet technique et ont été vidées de leur substance par la mentalité du tutorat et la logique de la majorité. Une situation qui pourrait amplifier le boycott des prochaines élections.» Et de ce fait, «le peuple attend beaucoup», mais jusque-là il est «déçu des résultats des réformes». Aussi, si ces réformes sont telles qu'elles viennent d'être décrites par le communiqué du MSP, pourquoi alors les soumettre à un référendum populaire? Tout en rejetant la responsabilité sur des parties impliquées «qui se jouent de l'espoir de la Nation», le MSP avertit sur les conséquences du «ratage de cette occasion historique». Ainsi, cette formation parle de «la lenteur du rythme des réformes», détournant l'attention de l'opinion publique vers les questions sociales, syndicales et associatives. Par contre, son ami-ennemi, en l'occurrence, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, lui a répondu que «les réformes du président de la République sont en adéquation avec le programme du FLN». Quant aux gesticulations de Bouguerra Soltani, le secrétaire général du FLN, comme le patron du RND, Ahmed Ouyahia, n'ont pas cessé de lui rappeler que son départ du groupe des trois partis n'affectera en rien l'Alliance, encore moins la scène politique. L'Alliance présidentielle est née, selon Belkhadem, pour exécuter le programme du Président Abdelaziz Bouteflika. «Je ne souhaite pas le retrait du MSP mais chaque parti est responsable de ses actes et nous ne forçons personne à rester», a-t-il soutenu. Bien avant lui, et en réplique à la menace de Soltani de claquer la porte de la coalition, Ouyahia avait lancé que si le MSP est insatisfait, il a le loisir de se retirer en 2012 après l'expiration de l'actuel mandat parlementaire. Bien sûr, Bouguerra Soltani n'a cessé d'annoncer que son mouvement comptait se retirer de l'Alliance, mais il n'a jamais osé le faire. Jusque-là, le MSP est rejeté et par l'Alliance présidentielle et par les islamistes. Sera-t-il rejeté par le chef de l'Etat? Une chose est sûre, Bouguerra Soltani veut garder un pied dans la coalition, un autre chez les islamistes. Mais il n'a pas les atouts nécessaires pour jouer sur les deux fronts.