Depuis la suspension des six quotidiens pour défaut de paiement selon le pouvoir, les lecteurs se demandent à quand le lever de rideau sur la vérité noyée quelque part. Plusieurs buralistes et lecteurs voudraient en fait connaître les réels tenants et aboutissants de cette suspension. Cela dit, après Le Matin, El Khabar, Liberté et Le Soir d'Algérie, les gens de Khemis Miliana attendent toujours L'Expression. Un commerçant très fidèle n'hésite pas à comparer L'Expression à «une bougie qui n'est pas près de se consumer». Le propriétaire d'un kiosque multiservice souligne quant à lui: «en 2003, on suspend les journaux, on fait tout pour les enterrer et on ose dire à qui veut entendre qu'on est en démocratie». En effet, plusieurs citoyens relèvent la stupidité du discours du pouvoir d'une démocratie qui s'accommode d'action répressive à l'encontre de la presse indépendante. A ce propos, un fonctionnaire de 26 ans est convaincu quant au caractère politique de la décision gouvernementale. Autrement, «pourquoi le pouvoir n'a pas nié les faits relatifs aux scandales publiés dans les six journaux suspendus, et pourquoi la réaction des imprimeries a-t-elle été autant partiale?». Un jeune chômeur considère quant à lui que «la liberté de la presse est dès le berceau fait déjà face à l'adversité d'un pouvoir qui veut absolument la bâillonner». Une jeune coiffeuse juge que la suspension «est un acte hors la loi». Elle condamne les attaques dont ont été victimes les six journaux et notamment L'Expression. «L'attitude du pouvoir relève de la paranoïa», estime-t-elle.