Le parti que préside Bouguerra Soltani reproche au président sa volonté d'écarter le pouvoir législatif des prises de décision. La toute première réunion du MSP depuis l'élection de Bouguerra Soltani à sa tête annonce clairement la couleur quant à la position que ce parti devrait prendre vis-à-vis de la future présidentielle. Le MSP, en effet, donne l'air de chercher à prendre ses distances par rapport au pouvoir, même si le retrait du gouvernement n'est pas encore à son ordre du jour. Le parti, dans le communiqué sanctionnant cette réunion qui a eu lieu hier, indique clairement que le conflit qui mine présentement le FLN est loin d'être confiné aux strictes limites de ce parti, puisqu'il met en péril le devenir des institutions nationales, et même de l'avenir de la démocratie dans notre pays. Aussi, le MSP appelle-t-il les deux parties en conflit «à faire passer l'intérêt national avant celui des personnes». Une manière subtile d'accuser aussi bien le président et ses hommes que Benflis et ses fidèles d'être surtout intéressés par leur avenir politique, et d'être prêts à pas mal de «dépassements» en vue d'assurer leur contrôle sur le premier parti du pays. Le MSP, qui soutient au passage «la démocratie et la liberté d'expression» face au harcèlement dont sont présentement victimes six titres de la presse privée algérienne, coupables de ne pas vouloir brosser dans le sens du poil. Dans le même temps, le MSP, qui semble établir un lien entre ces graves dérives contre la liberté de la presse et les conflits ouverts dans la course à la magistrature suprême, rappelle également son «attachement à la stabilité des institutions de la République, mais aussi au respect strict des lois de celle-ci». Le communiqué aborde aussi le sujet de la «bombe à retardement» que constitue la prise en charge des sinistrés du séisme du 21 mai passé. Un appel pressant est lancé «afin que tous les sinistrés soient relogés dans les délais promis», comme l'avait dit le Président lui-même. Alors que les premières pluies viennent en effet de commencer, pas grand-chose n'a été fait alors que Bouteflika avait assuré l'ensemble des victimes que pas une seule ne passerait l'hiver sous les tentes. Le pari paraît on ne peut plus dur à tenir. Le Président, cloué au pilori par le parti du défunt Mahfoud Nahnah, lui reproche également «d'abuser de ses prérogatives constitutionnelle lui permettant de légiférer par ordonnance», ce qui, aux yeux du MSP, «constitue une manière de mettre à l'écart les instances législatives de la République algérienne». Il est vrai, ce disant, que le MSP ne peut guère pousser sa critique plus loin puisque sa présence au gouvernement fait qu'il a quand même accepté les lois, aussi importantes et graves soient-elles, que le Président Bouteflika a signées durant l'intersession parlementaire sans en référer aux députés et aux sénateurs. S'agissant du dialogue et des acquis sociaux, le MSP n'a pas manqué de saluer les grands acquis obtenus lors de la dernière bipartite, tout en ajoutant qu'à la faveur de la prochaine tripartite, «le Snmg (salaire national minimum brute) doit impérativement passer à 12.000 dinars». Dans le même temps, le parti de Bouguerra Soltani demande des hausses de 10% des salaires de tous les travailleurs, qu'ils fassent partie des secteurs privé ou public. Ce communiqué, le premier du genre depuis l'élection de Bouguerra Soltani à la tête du MSP, annonce clairement la couleur, avec un recul très net dans les engagements de ce parti en faveur du pouvoir. La course à la magistrature suprême a commencé pour le MSP aussi...