«Sans convocation préalable et sans plainte, l'interpellation du directeur d'Er Raï ressemble à un rapt comme au temps de la prohibition américaine», s'indignent les journalistes du quotidien. Dans la journée de mercredi dernier, les forces de police de la sûreté de wilaya d'Oran, ont procédé à l'interpellation de M.Ahmed Benaâoum. Depuis ce jour, le directeur de publication du quotidien oranais est retenu en garde à vue dans les locaux de la police. «Aucun motif n'a été évoqué», indique une source proche du quotidien qui ajoute «qu'aucune plainte n'a été déposée et aucune convocation n'a été adressée au directeur». Les journalistes du quotidien qui s'étaient déplacés vers les locaux de la police pour s'enquérir de la situation et des motifs qui ont conduit à l'interpellation de leur directeur, ont été surpris par l'attitude des policiers. Ces derniers ont tout simplement nié l'arrestation de Ahmed Benaoum. Convaincus du contraire, les travailleurs d'Er Raï ont insisté pour avoir des informations sur les raisons qui ont poussé les policiers à engager cette procédure jugée par la plupart comme «maffieuse». Selon eux, «cette manoeuvre vise le quotidien pour les multiples révélations scandaleuses parues dans les colonnes du journal et dans lesquelles était impliqué le chef de la sûreté de la wilaya d'Oran», ajoutant que «ces révélations ont été étayées par des témoignages de citoyens». A en croire ces témoignages, «le chef de sûreté de wilaya aurait proféré des menaces d'emprisonnement à l'encontre du directeur du journal en présence des journalistes.» Il est à rappeler que le quotidien d'information oranais est toujours suspendu pour « a raison commerciale émise, tout aussi fallacieusement par les autorités du pays, est sujet à une vengeance de la part du chef de sûreté sous l'impulsion de ses supérieurs, en l'occurrence M.Zerhouni, ministre de l'Intérieur», affirment des sources proches du journal. Une grande confusion a régné devant le commissariat central, nous révèle un des journalistes qui faisait partie de la délégation qui s'est présentée afin de demander des nouvelles de Benaoum. Après insistance, nous dit-on, ces derniers ont été invités très poliment par les policiers à rentrer à l'intérieur de l'enceinte du commissariat. «Une fois à l'intérieur, toutes les portes se sont refermées sur nous. Les journalistes ont fait l'objet d'auditions, de prises de sang et autres procédures d'intimidation», finit par nous dire notre interlocuteur. Pour l'heure, aucune information sur le devenir du directeur ne nous est parvenue. Toutefois, la plupart des journalistes et autres membres de la rédaction sont préoccupés par l'état de santé du directeur, encore détenu. Pour précision, ce dernier souffre d'une insuffisance cardiaque et a subi une intervention à Paris durant les jours précédents. Si l'on juge par les propos du chef de sûreté de wilaya, rapportés par les journalistes du quotidien, «le directeur devrait être présenté aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal d'Oran». Les charges retenues contre lui seront alors rendues publiques.