Le directeur de publication du Soir d'Algérie, Fouad Boughanem, et les chroniqueurs Hakim Laâlam et Mohamed Bouhamidi ont été interpellés hier matin à 10 h 45 par les services de police de la sûreté de la wilaya d'Alger. Il est attendu que le journaliste Amarni risque d'être arrêté à Boufarik, de retour de la mission de couverture de la visite du Président de la République à Batna. Maître Bourayou, qui a accompagné les trois journalistes, a été interdit d'assister aux interrogatoires au commissariat central. Il a affirmé que «M.Amarni fera l'objet d'une convocation». C'est sous le regard des journalistes que les officiers de police se sont introduits au sein de la rédaction pour intimer aux «prévenus» l'ordre de les suivre. Cette façon de faire a été interprétée par le collectif comme «une démonstration de force et une tentative d'intimidation de la part de la police de Zerhouni appartenant au clan présidentiel, lequel confirme sa volonté de faire taire l'expression libre par des procédés allant jusqu'à violer l'enceinte de la maison de la Presse». Un communiqué rédigé par le collectif note, à ce propos, que «le procédé confirme si besoin est que la presse indépendante fait l'objet d'un traitement répressif de la part du régime de Bouteflika incapable d'apporter des réponses sur les graves accusations de corruption qui pèsent sur lui». Le collectif, dans un passage du communiqué, «prend à témoin l'opinion publique nationale et internationale ainsi que toutes les institutions de la République sur la gravité de ce précédent». Au poste de police, les chroniqueurs Hakim Laâlam et Bouhamidi ont refusé de répondre aux questions des policiers ayant trait aux chroniques jugées offensantes à l'endroit du Président de la République. Ces derniers ont également refusé de signer les PV établis par les policiers, comme cela était convenu et entériné par la plupart des éditeurs. Après un peu plus d'une heure d'interrogatoire, les trois journalistes ont été relâchés avec la certitude d'être présentés devant le procureur après l'interpellation du quatrième journaliste, en l'occurrence Kamel Amarni, en mission à Batna. Les journalistes interpellés en ont la certitude puisque cette procédure est dictée par le procureur de la République qui a exigé que «les quatre journalistes faisant l'objet de la même autosaisine doivent être présentés en même temps», affirme-t-on de sources proches du quotidien Le Soir d'Algérie.