Contrairement à son nom, le journal Liberté a prôné la politique de deux poids deux mesures dans ses actions de solidarité en faveur des six quotidiens suspendus. Liberté, un des premiers à revenir sur les étals, avait gracieusement offert une page aux titres encore suspendus... sauf le nôtre. L'acte, trahissant une haine dont les origines seront explicitées plus loin, cache aussi très mal la terrible distance séparant le monde pur de la presse et du don de soi du propriétaire de ce journal, Issaâd Rebrab. Car, il ne fait aucun doute pour nous que c'est cet homme qui a donné de pareilles instructions, qui ne font guère honneur à la corporation et qui ternissent l'image de marque de Liberté, un journal jadis prestigieux. L'objet de cette mesquine «vengeance» a trait au litige qui oppose Ahmed Fattani à Issaâd Rebrab. En raison des statuts, le patron de L'Expression reste actionnaire de Liberté, en est le directeur-fondateur et y dispose de droits que Rebrab, n'ayant aucun commun rapport avec la presse, continue de lui disputer. Liberté, durant les premiers temps de sa parution, quand Fattani était à sa tête, avait beaucoup gagné en notoriété et en crédibilité, atteignant le tirage record de 250.000 exemplaires, ce qu'aucun quotidien francophone n'a pu réaliser depuis. Fattani a été victime d'un putch afin que son journal serve des intérêts partisans et financiers étroits. Depuis, l'affaire est pendante en justice. Devant la cour d'appel, il compte demander la dissolution de la société éditrice du titre puisque son nom y est attaché et qu'il refuse que Liberté continue de servir des intérêts autres que ceux pour lesquels il avait été créé. Dommage pour la corporation que d'aussi mauvais exemples soient donnés au pouvoir au moment où le resserrement des rangs est de rigueur et où il ne fallait laisser aucune brèche au pouvoir pour tenter de s'y introduire. Mais pour comprendre cela, il faut être avant tout journaliste, avoir pignon sur rue et jouir d'une signature crédible dont la défense ne souffre aucun compromis, et encore moins compromission.