«Lui: 4000 DA, elle: 3000 DA et couple: de 5000 DA». Cette affiche, annonçant rien de plus que la célébration par un hôtel du réveillon 2012, est bizarrement placardée dans plusieurs murs de la ville d'Oran. Une autre grande affiche, sur laquelle apparaissent plusieurs raimen et raiwomen, est collée sur la porte d'entrée d'une boîte de nuit située dans la corniche oranaise, le montant exigé coûte les yeux de la tête, 20.000 DA à verser pour s'offrir un dîner dansant et quelques verres de boissons alcoolisées. C'est parti, les préparatifs pour le réveillon ont bien commencé il y a belle lurette tandis que tous les moyens, annonçant que les réservations doivent se faire à l'avance, sont mis en oeuvre. Dans toute cette frénésie, la finalité ne vise qu'à séduire et attirer plus de clients. Une bonne tranche de la société algérienne, notamment la masse juvénile, en tentant vainement de se mettre en parfaite harmonie avec les modes de vie importés, a tendance à perdre ses repères sociaux et moraux. A Oran tout comme un peu partout dans le reste du pays, le réveillon constitue le sujet dominant de toutes les discussions et un événement majeur chez les hôteliers, bien évidemment, tandis que se l'offrir revient doublement cher chez le salarié de la classe moyenne. Chez les propriétaires des infrastructures hôtelières, la course contre la montre est lancée. Pendant que plusieurs hôtels se mettent à soigner jalousement leur image de marque en proposant plusieurs variantes, d'autres, notamment les suivistes et les ignorants des règles, usent et abusent de conditions le moins que l'on puisse dire bizarres. Dans l'une de ces bizarreries imposées comme première condition, la compagnie féminine est obligatoire pendant que d'autres infrastructures respectables et respectueuses imposent tout simplement et rien de plus que la tenue correcte et le respect de la pudeur et les franchises des lieux. «Nous ne sommes pas des hôteliers sorciers pour imposer des orgies pareilles», a indiqué un gérant d'un hôtel situé dans la commune de Aïn El Turck ajoutant qu'«il est vrai que le réveillon est une occasion importante permettant d'engranger le maximum de recettes mais cela ne doit pas être une occasion pour bannir les règles de bienséance». Et ce dernier d'ajouter que «le réveillon n'est qu'une fête qu'il faut bien célébrer sans pour autant vider les poches de nos clients encore moins attenter à la pudeur». Cette chasse aux sorcières - les prostituées - a bel et bien commencé dernièrement dans un hôtel 5 étoiles et ce, à la faveur de l'entrée en fonction de sa nouvelles direction. Cette mesure a été décidée après qu'un groupe de jeunes ait complètement saccagé la chambre qu'ils ont louée, et ce suite à une dispute causée par la présence féminine. Un autre cas de la chasse, sans merci, lancée contre les vendeuses de charme est cette hausse des tarifs des chambres appliquée par un hôtel de classe qui a récemment ouvert ses portes. Cette hausse est ponctuée par l'interdiction de location de chambre aux couples de circonstance. Pendant que les adeptes des soirées roses et arrosées sont en quête de meilleures offres, plusieurs milliers de familles oranaises ont, depuis belle lurette, tranché la question en optant pour la célébration en famille du réveillon. «Y a t-il une ambiance meilleure que celle de s'être chaleureusement entouré des membres de sa famille et se répartir, en toute joie, la petite buche qui ne coute que 500 dinars?», a indiqué un jeûne employé de la commune d'Oran.