Une position qui risque de faire grincer des dents du côté de Rabat. Le Parti populaire «fonde sa position sur le respect de la légalité internationale et de la responsabilité historique de l'Espagne» envers son ancienne colonie, avait déclaré, le 27 août 2011 dans une interview publiée par le quotidien El Pais Jorge Moragas, responsable à la politique extérieure du parti espagnol de retour aux affaires suite à sa victoire aux élections législatives qui se sont déroulées le 20 novembre dernier. Une sortie médiatique dont les propos n'ont pas varié depuis. Un tournant majeur en ce qui concerne la question sahraouie. En effet, l'Espagne qui a plus soufflé le froid que le chaud, sous le gouvernement (socialiste) de José Luis Zapatero à travers sa diplomatie, sur un conflit dont elle a été à l'origine, vient d'apporter un «correctif» qui indique qu'elle entend s'impliquer davantage dans ce dossier pour enfin assumer ses responsabilités. Dans un communiqué rendu public mardi dernier, le nouveau gouvernement espagnol, issu des dernières élections législatives remportées par le Parti populaire espagnol, soutient le processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, conformément aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU. «S'agissant de la question du Sahara, nous soutenons le processus de négociations entre les deux parties, sous l'égide des Nations unies, en vue de parvenir à une solution conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, au droit international et à la responsabilité historique de l'Espagne», a annoncé le PPE lors de la présentation de son programme. Madrid a régulièrement fait cause commune avec Paris en ce qui concerne le dossier du Sahara occidental au point de commettre, maladroitement, des dérapages qui n'ont eu pour effet que de jeter de l'huile sur le feu, en jouant la «carte marocaine» avec un timing diabolique. Que disait l'ex-ministre espagnole des Affaires étrangères au moment où débutait la quatrième rencontre informelle entre le Front Polisario et le Maroc à la résidence de Greentree à Manhasset dans la banlieue de New York? «Le Maroc est un pays prioritaire dans le cadre de nos relations internationales. Il s'agit d'un pays important sur le plan méditerranéen où des réformes et des avancées importantes ont été réalisées ces derrières années. Et nous pensons que nous devons essayer d´aider dans le processus de consolidation de ces réformes», avait déclaré le 17 décembre 2010 à Paris, la patronne de la diplomatie espagnole à l'issue d'un entretien avec son homologue française qui n'a pas fait preuve non plus d'impartialité. «Le conflit autour du Sahara est l'un des éléments qui freinent la capacité d'avoir une action commune au Maghreb et c'est la raison pour laquelle nous souhaitons qu'il puisse trouver une solution en toute bonne foi», avait ajouté de son côté Michèle Alliot-Marie. Pour parasiter les négociations en cours, on ne pouvait faire mieux. Un mano à mano qui, en tous les cas, n'a pas échappé à l'oreille attentive du chef de la diplomatie sahraouie. «L´Espagne, sous la direction du gouvernement socialiste, dirigé par M.Zapatero, s'est alignée tout simplement, depuis 2004, sur la politique de Paris en s'activant pour légitimer le fait accompli colonial marocain», a souligné Mohamed Salem Ould Salek, dans une dépêche répercutée par l´agence de presse officielle sahraouie SPS. «La présence de ces deux pays (la France et l'Espagne, Ndlr) au sein du groupe d'amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, est devenue un obstacle à...l'avènement d'une paix juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée», a fait remarquer le ministre sahraoui des Affaires étrangères. Le Parti populaire espagnol, qui affiche son intention de se démarquer de la position ambiguë du précédent gouvernement (socialiste), risque de faire grincer des dents du côté de Rabat.