Une alliance algéro-germano-malienne pour tenter de débusquer un réseau invisible de terroristes. Un juge de la Cour fédérale allemande de justice a lancé un mandat d'arrêt contre le chef présumé des ravisseurs européens, Amari Saïfi, plus connu sous son nom de guerre «Abdelaziz El Para», affirme l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, à paraître demain. Selon Der Spiegel, le chef d'inculpation retenu serait d'avoir exercé chantage et pression sur la République fédérale allemande, d'avoir soumis les otages Allemands à des conditions de vie intenables, de les avoir mis en danger en conditionnant leur libération par le paiement d'une rançon exagérée. Der Spiegel estime aussi que la cour fédérale allemande devrait lancer d'autres mandats d'arrêt contre les complices du «Para» dans les prochaines semaines. Les autorités allemandes qui avaient dû payer les preneurs d'otages rubis sur l'ongle - le montant réel de la rançon n'a jamais été révélé- ont à ce point senti l'outrage fait par le Gspc à la diplomatie allemande pour estimer, dès la libération des touristes qu'il était «du devoir de la communauté internationale de combattre cette forme de terrorisme» en offrant l'aide nécessaire à l'Allemagne. Il est de notoriété que le gouvernement fédéral à de tout temps observé des règles de diplomatie strictes, notamment de ne pas se plier au chantage et de ne pas donner de rançons aux preneurs d'otages. On comprend, dès lors, que le coup d'éclat réussi par le groupe d'Abderezak El Para a fait mal, très mal aux autorités. Abderrazak El Para, après avoir déjoué le maillage sécuritaire en Algérie-même, a pu intégrer le territoire malien et négocier de nouveau la vie des 14 otages contre une rançon conséquente. Mieux, sitôt leur libération accomplie, le groupe d'otages se désagrège et se dissout dans la nature de Kidal, au nord-est du Mali. Selon des sources crédibles, les connexions entre les preneurs d'otages et les autochtones maliens sont très fortes. C'est dire la difficulté, pour les services de sécurité, de venir à bout d'un réseau qui se fait et se défait au gré des situations. Grâce au chef du Gspc pour la région du Sud, Mokhtar Belmokhtar, le Gspc dispose de réseaux très efficaces aux frontières algéro-nigéro-maliennes, où beaucoup de ses hommes y ont pris . Guerre totale des services secrets algériens, allemands et maliens contre un réseau diffus. Voilà, peut-être, l'intitulé de cette nouvelle forme de guerre qui s'affiche depuis une quinzaine d'années, et qui a atteint son paroxysme dans les raids lancés par la nébuleuse islamiste Al-Qaîda contre les super-puissants Etats-Unis d'Amérique. Là encore, nous allons assister à la chasse que donneront les services secrets des trois pays contre une trentaine d'hommes armés disséminés dans le Sahel et disposant de cellules de soutien hermétiques et quasi impénétrables. Et là encore, ce n'est pas demain que nous pourrons voir les résultats obtenus.