Comment peut-on encourager le lecteur si les taxes continuent de grimper ? 50% telle est la réduction qui a été faite lors de ce 8éme Sila par quelques éditeurs qui ont fait cet effort de remise assez importante dans l'optique de permettre une meilleure accessibilité au livre. Objectivement parlant, c'est une bonne initiative, mais qui demeure toutefois insuffisante et surtout provisoire. Or le problème majeur que va affronter le consommateur c'est l'après-salon. Force est de constater que les taxes très élevées, à l'endroit des libraires, sont passées de 7 à 15%. Un taux qui n'encourage guère les éventuels lecteurs à affluer vers les librairies, notamment si nous observons que le chiffre d'affaires en librairie a baissé ces derniers mois de 50%. Une baisse qui est essentiellement liée au pouvoir d'achat du citoyen en continuelle régression. Ainsi, la maison d'édition française, le Seuil qui participe pour la seconde fois au Sila s'inquiète du devenir du prix des livres après le salon. Son représentant M. Ben Antar Abdenour nous fait savoir qu'au niveau de son stand il y a effectivement beaucoup d'affluence par rapport à l'année passée, c'est une preuve, selon lui, qu'il y a une meilleure organisation. Hormis sa notoriété, le Seuil est connu pour avoir été l'un des premiers éditeurs français à avoir édité des auteurs algériens à l'instar de la trilogie de Mohamed Dib, Nedjma de Kateb Yacine entre autres. Interrogé sur le prix des livres, M.Abdenour nous dira que celui-ci est abordable, mais il est toujours utile de rappeler que ces prix demeurent exorbitants comparés au pouvoir d'achat du citoyen. Pour mieux illustrer ses propos, le même responsable fait référence aux prix affichés au niveau de la collection, les livres de poche, 625 DA hors taxes. Pour ce qui est de la maison d'édition Enag, son directeur de distribution Ottmane Omar indique qu'il est hors de question de réduire le prix des livres, car, affirme-t-il, «commercialement parlant cela n'arrange pas notre maison». La maison d'édition presses polytechniques et universitaires romandes (Suisse) représentée par son directeur M.Olivier Babel, estime que la production nationale n'est pas représentative de la grandeur du pays. Liant cet état de fait à la crise économique, l'éditeur met en exergue le faible pouvoir d'achat du citoyen algérien. «Tant que le pouvoir d'achat du citoyen est faible, celui-ci n'éprouvera pas d'intérêt pour le livre». Faisant allusion aux accords de partenariat entre l'Algérie et l'Europe dans l'optique de donner un nouvel élan à la coédition algéro-suisse, M. Olivier nous dira à cet effet que les «éditeurs algériens doivent s'intéresser aux étrangers, ce qui n'est malheureusement pas le cas actuellement» En somme, si nous organisons des Salons du livre, c'est pour encourager le citoyen algérien à la lecture. Sauf que ce qui se passe en réalité sur le terrain est plutôt paradoxal! Lors de l'inauguration du 8e Sila, Mme Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture avait déclaré que la meilleure façon de baisser le prix du livre, c'est d'augmenter la production. Effectivement la production est bien présente, cependant comment peut-on encourager la lecture lorsque parallèlement les taxes pénalisent libraires et consommateurs?