C'était le penalty de la victoire, ou presque. A la 70e minute, Drogba avait l'occasion d'attirer un peu plus le deuxième titre ivoirien en Coupe d'Afrique. Mais le capitaine des Eléphants expédiait son tir dans les nuages! Et la Zambie l'emportait au bout de la nuit. Rater un penalty ou un tir au but important est le genre de mésaventure qui arrive aux grands joueurs, les Platini, Zico, Baggio... Au moment de la série fatidique des tirs au but, Drogba ne tremblait pas et réussissait le sien, le cinquième. Mais le tir au but vainqueur du Zambien Sunzu (0-0 a.p., 8-7 t.a.b.) rendait l'échec de Drogba en seconde période d'autant plus crucial. L'Ivoirien aura donc de nouveau échoué dans sa quête d'un second titre ivoirien, après celui de 1992, et après s'être cassé les dents à tous les stades de la compétition (finale en 2006, demi-finale en 2008, quart de finale en 2010). Lui qui aura 34 ans en mars aura-t-il une nouvelle chance? La prochaine CAN arrive vite, dès 2013 en Afrique du Sud. Mais quel sera le niveau du joueur s'il venait à quitter Chelsea pour un dernier contrat juteux, en Chine par exemple? L'histoire apparaît d'autant plus cruelle qu'elle se répète. Lors de la finale de la CAN-2006, dans la série des tirs au but, Drogba ratait le sien, et l'Egypte venait finalement à bout des Ivoiriens (0-0 a.p. 4-2 t.a.b.). Dimanche soir, lorsque Chansa a bousculé Gervinho à l'entrée de la surface et que l'arbitre désignait le point de penalty, Drogba a pris ses responsabilités. Le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, jubilait en tribune, et le sélectionneur François Zahoui serrait un poing rageur. Le sacre tant attendu de la ´´génération dorée´´ des Eléphants se dessinait, au bout de vingt ans d'attente. La frappe trop enlevée de l'intérieur du pied droit partit bien au-dessus de la barre transversale, une énorme clameur de surprise s'élevait dans le stade de l'Amitié sino-gabonaise, et le gardien zambien Kennedy Mweene venait narguer le tireur. Il lui tendait ensuite la main, mais Drogba, vexé, cachait la sienne. Le portier zambien se révélait décidément en verve sur les penalties, puisqu'il avait stoppé celui d'Asamoah Gyan au début de la demi-finale remportée face au Ghana (1-0). Gyan, autre grand malheureux dans ce genre d'exercice depuis qu'il a échoué en quart de finale du Mondial-2010 contre l'Uruguay. Pour Drogba aussi, l'épreuve des penalties devient décidément une... épreuve. Le capitaine des Eléphants avait déjà failli dans cet exercice dans la CAN gabono-équato-guinéenne, voyant sa frappe détournée par le gardien de la Guinée équatoriale en quart de finale. Mais il s'était vite rattrapé avec un premier but quelques minutes après, et un second à la 70e. La minute qui lui fut fatale en finale... Contre la Zambie, le buteur de Chelsea est tombé sur de sacrés clients, avec les défenseurs centraux Himoonde et Sunzu qui lui ont imposé leur défi physique, et Mweene toujours à la parade. L'attaquant est aussi sorti du terrain un court instant pour se remettre d'un coup de tête sur l'arrière du crâne assené par Mulenga (46e). Ballotté, souvent mis à terre, il a obtenu quelques coups francs en première période, mais rien ensuite. Drogba aurait pu devenir le héros positif, et même altruiste, si sur son astucieuse talonnade pour Yaya Touré, ce dernier avait cadré sa frappe (30e). Même s'il ne renonça jamais, le capitaine des Eléphants s'éteignit peu à peu. ´´Didier est notre capitaine, c'est l'emblème, comme Milla au Cameroun et Weah au Liberia´´, avait assuré le sélectionneur ivoirien François Zahoui vendredi. L'´´emblème´´ a tenté de consoler ses coéquipiers à l'issue de la défaite. Il a récupéré le trophée de l'équipe la plus fair-play, le visage fermé. Ce dimanche soir, il était sans doute l'Ivoirien le plus inconsolable.