Les indices macroéconomiques ont beau être encourageants, ils n'ont aucune incidence sur les développements social et économique. Le pays patine... La Banque mondiale (BM) a présenté hier à Alger son dernier rapport sur le développement de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena). Lors d'une conférence organisée par le Bureau de la banque à Alger et le Centre de recherches appliquées en développement (Cread), M.Théodore Ahles, économiste à la BM, a indiqué que le rapport englobe quatre études portant sur le commerce et l'investissement, l'emploi et la gouvernance. Le rapport, soft, a éludé les «sujets qui fâchent» et qui se trouvent derrière l'échec de toutes les réformes économiques depuis plus d'une dizaine d'années. Le principal défi du développement au Mena sera de créer 100 millions de nouveaux emplois d'ici à 2020 pour faire face à la croissance rapide de la population active. Cette dernière devrait s'accroître de 4,2 millions par an durant la décennie 2000-2010, soit le double du nombre enregistré au cours des deux dernières décennies. «C'est un défi à relever à travers l'intégration de tous les pays de la région au commerce extérieur et à l'investissement avec l'adoption d'un nouveau modèle d'organisation de l'économie, basé sur le secteur privé», dira M.Ahles. Sur ce plan, le rapport a constaté que l'Algérie comme l'Iran ont «entamé la réouverture de leurs régimes commerciaux et encouragé l'investissement privé», considérant par ailleurs que la Jordanie et la Tunisie comme «les réformateurs les plus avancés», suivis par le Maroc et l'Egypte. Cependant, la réussite des réformes dans les pays dotés de ressources naturelles abondantes (Algérie, Iran, Syrie) est «plus difficile» selon la BM. Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur les raisons qui font que l'amélioration notable des indices macro-économiques n'aient été d'aucune influence sur les conditions sociales et économiques du pays. Il est vrai que la BM, de même que toutes les institutions financières internationales, ne peuvent s'intéresser qu'à la solvabilité immédiate du pays, et donc dresser un rapport «mitigé» pouvant souffrir diverses formes d'interprétations. Le rapport, en guise de recommandations, se propose «d'établir des règles fiscales protégeant les dépenses publiques, de réserver une part importante des recettes pétrolières pour les générations futures et d'adopter des politiques macro-économiques permettant la réduction des taux de change réels». Les points sensibles, que la BM s'est gardé de livrer à la presse, s'appesantissent sur la prolifération de la corruption, les dépenses énormes mais inutiles pour une économie à la déroute, une législation et des banques inadaptées... Abordant le volet de la gouvernance, défini par la BM comme étant «l'exercice de l'autorité au nom du peuple pour promouvoir le bien-être économique et social», M.Ahles soulèvera «le déficit de gouvernance» dans la zone Mena qui regroupe une quinzaine de pays. «Une bonne gouvernance nécessiterait le respect de l'intégrité, des droits et des besoins de tous les individus et la promotion de l'inclusivité et de la responsabilisation», a-t-il recommandé. Le sujet délicat de la réforme du système financier et de l'échec des banques privées algériennes n'a, lui aussi, pas été abordé dans le rapport, alors qu'il constitue une des principales raisons du blocage des véritables investissements dans le pays.