Il a réussi le même meeting que celui qu'il a tenu à Blida en juillet dernier devant des milliers de militants. La cour du siège de la kasma de Bab Ezzouar s'est avérée trop exiguë pour la déferlante humaine venue assister au meeting de Benflis en ce week-end ensoleillé. Devant plus de 2000 militants, le secrétaire général du parti majoritaire, Ali Benflis, a descendu en flammes tour à tour le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, le ministre de l'Intérieur, Noreddine Yazid Zerhouni, la justice algérienne en passant bien sûr par le président de la République. «Quand un ministre des Affaires étrangères transforme son département en cellule de conspiration contre le FLN et d'entreprise de destruction du multipartisme, le fait devient inadmissible», a déclaré Benflis. «Après avoir soutenu, appuyé et applaudi l'élection de son secrétaire général lors du 8e congrès, il vient quelques jours plus tard dire qu'on va redresser le parti», a-t-il ajouté à l'endroit de la tête de file «des redresseurs du FLN». «Que veulent-ils redresser? Un parti qui gagne des élections législatives et communales avec une majorité écrasante», s'est interrogé Benflis. La rencontre de jeudi avec les militants intervient au lendemain de la tenue du congrès extraordinaire du FLN qui s'est déroulé une journée avant la date annoncé (le 3 octobre au lieu du 4) pour contourner la décision de justice. «Le FLN n'est pas un parti de sous-traitants ; cette rencontre vient après le congrès historique qui a définitivement consacré l'autonomie et l'indépendance du FLN», a-t-il clamé sous les applaudissements nourris des nombreux militants présents, ajoutant que le programme de son parti vise «l'instauration d'un Etat d'institutions et non celui d'individus. La culture de l'Etat est à l'opposé de la culture du complot et du coup d'Etat.» Sur ce chapitre, il affirmera que le ministre des Affaires étrangères et non moins coordonnateur du «mouvement de redressement» n'honore pas le pays. «Le monde nous observe et nous donnons une très mauvaise image de l'Algérie à l'étranger.» Parlant du ministre de l'Intérieur, il dira que «c'est terrible comme situation quand un ministre de l'Intérieur installe une cellule pour recevoir les plaintes des militants d'un parti». «Veut-il se substituer au secrétaire général de ce parti», s'est-il encore demandé. Benflis a rappelé les bocages subis par ses élus, notamment lors du séisme du 21 mai dernier. «Des instructions sont venues d'en haut pour interdire à nos élus de se déplacer sur le terrain pour rencontrer les populations en détresse, une directive a été même donnée au Croissant-Rouge algérien, lui accordant toutes les prérogatives d'acheminer les dons vers les sinistrés.» Abordant la justice, Ali Benflis n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. «On a affaire à une justice nocturne et clandestine», a-t-il dit avant d'enfoncer le clou: «Ce qui s'est passé est le scandale du siècle, j'ai de la peine pour mon pays», a-t-il regretté. «Le conflit du FLN tel que préparé a commencé par des attaques contre les mouhafadhas, ensuite des appels à la rébellion pour arriver enfin à la justice nocturne.» M.Benflis a affirmé que le FLN ira sur le terrain «avec son vrai visage pour éclairer l'opinion publique sur la politique qu'il entend mener». Pour lui, être un homme public «c'est accepter de donner le bilan de son activité à la population, sinon il faut avoir le courage d'admettre qu'on a fait de l'Algérie un pays qui n'est pas démocratique et républicain». Enfin, dénonçant le traitement accordé par les médias publics à la crise du FLN, il a disculpé les journalistes de ces entreprises en disant: «Je ne cible pas les journalistes, je sais d'où viennent les ordres.»