Hier, le président de la République était omniprésent dans les propos de son chef du gouvernement. «Nous assistons à une campagne publicitaire et non pas à une campagne électorale», a lâché hier le chef du gouvernement à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a organisée hier à Djenane El-Mithak. Evoquant les réalisations de son gouvernement depuis sa prise de fonctions, Ahmed Ouyahia s'est lancé dans un exercice de soutien indéfectible au chef de l'Etat, et ce, sur de nombreuses questions. Aussi, ne s'est-il pas empêché d'avoir des mots assez durs pour qualifier le climat politico-médiatique qui prévaut sur la scène nationale en affirmant que «des intérêts peu avouables» seraient derrière cette campagne, voire «de l'argent sale et je pèse mes mots», a-t-il lancé sur un ton grave. Cette déclaration, du reste gravissime, est une sorte d'intrusion dans le débat politico-médiatique, avec en prime, une insinuation sur l'origine des forces qui s'opposent à la réélection de Bouteflika. Reconnaissant par ailleurs l'insuffisance des efforts de l'Etat dans l'amélioration des conditions sociales, Ahmed Ouyahia n'en a pas moins énuméré, une par une, toutes les mesures prises par l'Exécutif dans le but de booster le pouvoir d'achat des Algériens. Autant de décisions que le chef du gouvernement met sur le compte du président de la République, avec lequel il affirme être en symbiose quant aux positions politiques vis-à-vis de la question islamiste. A ce propos, Ouyahia, qui n'a pas clairement répondu à la question relative à la réaction des pouvoirs publics par rapport aux déclarations d'Abassi Madani faites à partir de Kuala Lumpur, a néanmoins catégoriquement démenti une probable rencontre dans la capitale malaise entre le chef de l'Etat et le n°1 de l'ex-FIS. Un démenti fortement souligné par Ouyahia et qui sonne comme un message de la part du Président à l'adresse de l'opinion publique, après que la presse nationale eut fait état d'un tête-à-tête entre les deux hommes, en marge du sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Plus encore, interrogé sur les résultats obtenus lors du ratissage effectué dans les Babors, le chef du gouvernement a profité de l'occasion pour qualifier Hassen Hattab de criminel et éloigner, de fait, un probable accord entre le pouvoir et le Gspc. Un autre message, destiné apparemment à démentir certaines informations relatives au «plan de paix» concocté par Abassi Madani. Dans le conflit qui mine le FLN, tout en affichant une neutralité de façade, le chef du gouvernement n'estime pas moins que le droit n'a pas été violé dans l'affaire de l'interdiction du congrès extraordinaire. Il prend, à cet effet, sur lui les déclarations faites par le ministre de l'Intérieur sur le sujet. Lequel ministre semble avoir ses faveurs. Dans l'essentiel de ses réponses, le chef du gouvernement a tenté de venir au secours du président de la République, notamment en ce qui concerne les fameuses visites à l'intérieur du pays qu'Ouyahia prend le soins de ne pas mettre sur le compte d'une précampagne électorale.