L'Afrique et de nombreux pays dans le monde ont applaudi lundi l'alternance pacifique du pouvoir au Sénégal qui a consacré la victoire de l'opposant Macky Sall sur le président sortant Abdoulaye Wade, y voyant un exemple pour l'ensemble du continent. Le Sénégal est souvent cité comme l'un des rares modèles de démocratie en Afrique, en particulier dans l'Ouest régulièrement secoué par des violences politico-militaires, comme le coup d'Etat qui a renversé la semaine dernière au Mali voisin le président Amadou Toumani Touré. Premier à réagir, le président français Nicolas Sarkozy a qualifié l'élection dimanche de Macky Sall de « très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et pour le Sénégal en particulier ». Le Sénégal, «un pays considérable d'Afrique », a été un « modèle de démocratie (...). Quand on voit ce qui se passe au Mali, c'est un facteur d'espérance pour toute l'Afrique », a dit à une radio française le président de l'ancienne puissance coloniale. Il a écrit au nouvel élu pour dire sa conviction que le Sénégal et la France sauront «entretenir et faire fructifier » leurs liens «exceptionnels » et leur « amitié profonde ». Dans un courrier distinct au président sortant, Nicolas Sarkozy rend hommage à l'action d'Abdoulaye Wade « en faveur du règlement des conflits et des crises, notamment sur le continent africain ». François Hollande, son rival socialiste à la prochaine élection présidentielle, a lui salué « l'alternance démocratique », qui s'effectue « dans la dignité ». Abdoulaye Wade a reconnu sa défaite avant même les résultats officiels d'un deuxième tour qui s'est déroulé dans le calme alors que sa candidature pour un troisième mandat à 85 ans était contestée et que le premier tour avait été précédé de violences meurtrières. «Une source d'inspiration en Afrique » Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a félicité «le peuple sénégalais pour la belle victoire qu'il offre à la démocratie ». «Cette alternance pacifique doit être une source d'inspiration en Afrique de l'Ouest et sur le continent africain », selon lui. L'Union africaine (UA) a également réagi. Son président M. Boni Yayi, chef de l'Etat du Bénin a salué « non seulement la maturité du président sortant sénégalais Abdoulaye Wade pour la sagesse dont il a fait preuve (...) et aussi la maturité du peuple sénégalais. » Le président de la Commission de l'UA Jean Ping a pour sa part écrit que « le choix de l'alternance qui a été fait et la reconnaissance par le président sortant de la victoire de son adversaire sont le témoignage éloquent de la vitalité de la démocratie sénégalaise et de la maturité de sa classe politique qui font au honneur non seulement au Sénégal mais aussi au continent tout entier ». L'Union européenne (UE) a salué de son coté « une grande victoire pour la démocratie au Sénégal et en Afrique ». «Le Sénégal est un très bon exemple pour l'Afrique », a déclaré Michael Mann, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. A Berlin, le gouvernement allemand a souligné que «ces élections libres et justes, ainsi que la reconnaissance du résultat par tous les candidats, étaient un signe de la maturité démocratique du pays ». « Une alternance politique pacifique reste en Afrique loin d'être une évidence », a ajouté le ministère des Affaires étrangères. Au Nigeria, le chef de l'Etat Goodluck Jonathan a estimé que l'élection « était une bonne chose pour le peuple sénégalais et pour notre sous-région, particulièrement à l'heure où un pays frère fait face à de graves défis en matière d'ordre constitutionnel », en référence au Mali. Il a recommandé à «tous les autres dirigeants africains de suivre l'exemple» du dirigeant sénégalais sortant qui a "reconnu avec grâce sa défaite, faisant preuve d'une grande maturité". Au Maroc, le roi Mohammed VI a déclaré que l'élection marquait « une alternance au pouvoir qui illustre la grande maturité politique du peuple sénégalais et constitue une consécration de la démocratie et du pluralisme politique ».