Hier, le Soudan a déclaré l'état d'urgence le long de sa frontière avec le Soudan du Sud, une mesure entraînant un embargo commercial à l'encontre de Juba avec en sus la suspension de la Constitution dans les régions frontalières, a annoncé l'agence de presse soudanaise Suna. Le président Omar El Bechir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré l'état d'urgence dans les Etats du Kordofan-Sud, du Nil Blanc et de Sennar, à la frontière avec le Soudan du Sud. Les différends entre les deux Soudans, sur le tracé de la frontière et le partage des revenus pétroliers notamment, ont dégénéré depuis fin mars en des combats d'une ampleur sans précédent depuis la proclamation d'indépendance du Soudan du Sud en juillet dernier. Outre les combats à Heglig, l'aviation soudanaise a mené plusieurs raids parfois meurtriers en territoire sud-soudanais. Aussi, l'autre point de discorde est que les deux pays s'accusent toujours mutuellement de soutenir des rébellions sur le territoire de l'autre. Afin d'estomper les dégâts, dans le conflit inter-soudanais le Soudan du Sud joue la carte de l'apaisement en se disant, samedi, prêt à retirer ses forces de la zone contestée de Abyei. Mais cette proposition n'a pas eu d'échos chez le voisin du nord. Le Soudan refusait ainsi toute intervention de l'ONU dans la résolution du conflit. Cependant, le gouvernement sud-soudanais a annoncé qu'il allait procéder au retrait de ses forces de police de la zone d'Abyei que les deux Soudans se disputent. Un retrait «immédiat», fixant comme seule condition «que les Nations unies et l'Union africaine assurent la sécurité des ressortissants (sud-soudanais) dans cette région» a déclaré le porte-parole du gouvernement, Barnaba Marial Benjamin. Au Mali, l'ex-chef de la junte militaire qui avait pris le pouvoir le 22 mars à Bamako avant d'accepter de le rendre, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a rejeté samedi les décisions prises jeudi à Abidjan par les chefs d'Etat ouest-africains, en particulier l'envoi de soldats dans son pays. Alors que samedi, le Front national de libération de l'Azawad (Fnla), composé d'Arabes de la région de Tombouctou, qui avait pris vendredi le contrôle d'une partie de cette ville du Nord du Mali, a annoncé dans la soirée avoir quitté les lieux à la demande d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Vendredi, Ansar Dine a renforcé son emprise sur la ville en mettant sur pied une «police islamique» pour «appliquer la charia» aux voleurs. Au Kenya, la situation s'envenime graduellement. Hier, une personne a été tuée et quinze blessées dans une attaque à la grenade perpétrée dans la matinée dans une église de Nairobi, a annoncé la police. La capitale kenyane a été la cible de plusieurs attaques à la grenade non revendiquée depuis la fin de l'année dernière, mais aucun lien ne peut pour l'instant être établi entre les attaques précédentes et celle survenue hier. Cependant, après son intervention - du Kenya - en Somalie, les milices somaliennes intégristes des Shebab ont menacé de représailles le «coeur» du Kenya si Nairobi poursuit son «agression sur le sol somalien». Des menaces qui pourraient bien avoir été mises en pratique hier, par l'attaque qui a été perpétrée contre une église appelée la Maison de Dieu du miracle dans le quartier de Ngara, non loin du centre de la capitale kenyane. Le Nigeria poursuit sa descente aux enfers avec la poursuite de violences récurrentes. Hier matin, une attaque à la bombe et des tirs nourris pendant deux services religieux chrétiens dans une université de Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria peuplée majoritairement de musulmans, ont fait environ vingt morts. La secte islamiste Boko Haram, qui a mené de nombreuses attaques, essentiellement dans le nord du pays, qui ont fait plus de 1000 morts depuis la mi-2009, serait de nouveau derrière cet attentat. Mais ce ne sont que des stipulations car il n'y a pas encore eu de revendication de ces attaques. Décidément, il faut croire que l'Afrique n'arrive toujours pas à être en osmose avec elle-même.