Le président s'est adonné au rôle du chef moralisateur garant des libertés et du respect de la loi. «La liberté de la presse implique avant tout le respect de la loi, des valeurs du peuple algérien et un esprit de responsabilité» , a déclaré hier à Jijel le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Devant un parterre d'étudiants et de professeurs, le chef de l'Etat qui a présidé l'inauguration de l'année universitaire s'est volontiers adonné au rôle du chef moralisateur garant des libertés et du respect de la loi, en fustigeant avec des mots à peine voilés certains titres de presse. Le chef de l'Etat a indiqué que cette presse joue un rôle «destructeur qui nuit aux intérêts de l'Etat». En effet, c'est seulement plus de deux mois après la suspension très controversée des journaux, que le président de la République a fini par briser le silence sur la question, alors qu'il était directement accusé, ou du moins le cercle présidentiel, d'être derrière cette «manoeuvre de déstabilisation de la presse». L'intervention a eu lieu à partir d'un amphithéâtre du centre universitaire. Usant de sa qualité de bon orateur, le chef de l'Etat s'est étalé sur la question de la liberté et de la responsabilité de la presse. L'éternelle problématique philosophique n'ayant aucun rapport avec l'argument commercial avancé pour justifier cette suspension. Certains titres n'ont pas encore réussi à reparaître à ce jour, tels que le journal Erraï et le Journal de l'Ouest. A ce titre, le chef de l'Etat, évoquant le rôle de la presse, a fustigé les pratiques qui «portent atteinte à la patrie, aux plans interne et externe'', et souligne la relation étroite qui existe entre la liberté et la responsabilité». Il appellera, dans ce sens, la presse, ‘'consciente de l'intérêt du pays'', à ‘'contribuer aux côtés de l'Etat à enraciner la culture démocratique et préserver les intérêts du pays, d'abord et avant tout''. Affirmant que la presse a le droit d'être libre, le chef de l'Etat soutiendra «qu'elle a d'abord le devoir de faire prévaloir l'intérêt de l'Algérie», avant d'ajouter que «nul n'a la droit de ir l'image et la réputation de l'Algérie''. Par ailleurs, le chef de l'Etat ne s'est pas prononcé sur un volet aussi sensible que les interpellations en cascade par la police, dont ont fait l'objet des dizaines de journalistes. Ces derniers ont considéré cette «instrumentation de la police aux dépens de la justice comme un harcèlement pur et simple afin de museler la presse en prévision de la présidentielle de 2004».