Le bureau politique s'est réuni pour avaliser le programme d'action établi par le conseil national de coordination. Les contours de ce que sera la crise du FLN sont-ils esquissés? Le dernier remaniement opéré par le président de la République au sein de l'institution judiciaire semble constituer un prélude pour l'aboutissement de ce conflit politique ramené à la justice. Tout en gardant «confiance en nos magistrats honnêtes et en cohérence avec leur conscience», M.Dahdouh, membre du bureau politique du FLN, a exprimé hier l'appréhension de son parti sur ce remaniement. «On a toujours craint de voir la justice instrumentalisée pour des raisons de pouvoir et électoralistes» a-t-il déclaré. «On ne fait pas de procès d'intention mais on juge sur les actes et le bilan présidentiel en matière d'indépendance de la justice. En 1999, le président de la République s'est engagé sur l'indépendance de cette justice» a-t-il ajouté avant de noter: «Bouteflika a accaparé l'institution judiciaire, il a bloqué le statut de la magistrature et le statut du conseil supérieur de la magistrature et a fait de la pratique de la justice, une fonction et non un pouvoir ce qui est le caractère des systèmes totalitaires». Revenant à la charge, M Dahdouh affiche en dépit de cette «injonction» un optimisme complet: «Les magistrats ont déjà prouvé qu'ils assument pleinement leur rôle, quelles que soient les intrigues et les pressions auxquelles ils sont soumis et ils savent être à la hauteur de la mission qui leur a été confiée». Loin d'être un effet d'annonce comme cela a été le cas pour la réforme de l'école et du code de la famille, le mouvement au sein du corps de la justice intervient à quelques jours d'un rendez-vous déterminant pour le parti de Benflis. En effet, le 11 novembre prochain, la chambre administrative de la cour d'Alger entamera le procès relatif à la plainte déposée par les animateurs du mouvement de redressement. En opérant un aussi grand mouvement dans la justice, le président sortant veut-il mettre la justice au pas en se débarrassant des magistrats récalcitrants ou entend-il marquer son autorité et sauver ainsi l'institution judiciaire accusée de conspiration et de magouilles dans la crise du FLN? «J'espère que le calme qui caractérise actuellement la scène politique ne précède pas la tempête», a dit Abdelhamid Mehri lors de l'enterrement de M'hamed Yazid. Ces propos de l'ex-secrétaire général du FLN peuvent être pris comme une déclaration prémonitoire. Cette parodie intervenant la veille d'un rendez-vous test pour la justice algérienne ne sera pas sans lendemain. Etant directement concerné par cette «action», le parti majoritaire ne tardera pas à se manifester. Le conseil national de coordination a tenu hier sa réunion au siège du parti. Cette dernière a été consacrée aux prochaines élections du Conseil de la nation, au bilan des activités et au programme d'action dans les semaines à venir. Dans la même journée, le bureau politique s'est réuni pour avaliser le programme d'action établi par le conseil de coordination, mais s'est également penché sur la stratégie à adopter face à cette nouvelle donne.