L'affaire des contacts avec les émissaires du pouvoir, n'ont pas laissé indifférente la population de la Basse Kabylie. Le climat de suspicion et de doute qui a caractérisé les deux dernières rencontres de la coordination intercommunale de Béjaïa et les clarifications, demandées avec instance aux ex-détenus concernant l'affaire des contacts avec les émissaires du pouvoir, n'ont pas laissé indifférente la population de la Basse Kabylie qui continuait , hier encore, à commenter les nouvelles parues dans les colonnes de la presse nationale. Au-delà de la sympathie témoignée à l'endroit de l'ensemble des ex-détenus, il y a lieu de signaler ce ton interrogatif que cachaient mal nos différents interlocuteurs dans leurs propos. Beaucoup de citoyens s'interrogeaient, en fait, sur les tenants et les aboutissants de cette cacophonie. Si pour certains, la volonté, à peine voilée, des ex-détenus d'aller vers une solution politique est amplement justifiée eu égard à la dérive qui menace la région entière, il n'en est pas de même pour d'autres qui s'opposent à toute solution qui écarte la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur rejoignant par là la position des ârchs exprimée, hier, dans une déclaration sanctionnant la fin du miniconclave tenu à Akbou. Les citoyens, partageant l'initiative entreprise par les ex-détenus pendant même leur incarcération, se sont montrés sceptiques quant à sa réussite à la lumière des réactions hostiles que celle-ci a suscité chez les animateurs de la CICB. Pour Ali, commerçant, «il est clair qu'à travers les déclarations, les ex-détenus sont tentés par le dialogue». Si d'un côté on comprend cette volonté de régler le problème par la voie du dialogue, de l'autre on conteste la démarche maladroite entreprise pour y arriver à l'origine des réactions radicales des autres délégués de la structure. «S'ils veulent dialoguer, ils n'ont qu'à le dire», renchérit son ami en expliquant: «L'horizontalité implique une concertation et une décision par consensus.» Beaucoup de nos interlocuteurs pensent que la structure de la CICB est présentement «au centre des enjeux politiques», allant jusqu'à dire qu'elle «fait le jeu des clans au pouvoir» et ce, «malgré sa faible représentativité», précisent de nombreux citoyens qui s'inquiètent de l'absence de la majorité des communes des différents conclaves. Du coup, on se plaît à disserter plus longuement sur les convoitises que la CICB suscite depuis son lancement. Aussi nombreux sont les citoyens qui vous citeront en exemple «la présence répétée de l'ex-député du RCD, Abdelkader Hammoudi, aux deux dernières rencontres», de cette structure. S'agit-il d'une récupération à visage découvert qui commence? se demande Saïd. Toujours est-il que la réaction des autres délégués, qui ne sont pas lavés de tout soupçon, a révélé au grand jour les luttes des structures politiques autour de la récupération. Autre élément et non des moindres, qui inquiète les citoyens, c'est cette lutte pour le leadership qui anime intensément les différents délégués. Aussi certains n'hésitent pas à mettre toute cette tension autour des contacts avec les émissaires sur le dos de «la guerre que se livrent certains animateurs pour être le plus possible en vue» et avoir, par conséquent, «la meilleure place au sein des structures de la nouvelle formation politique en gestation». Tous ces soupçons «n'auraient jamais existé si la voie de la sagesse l'avait emporté dès le début», commente ce vieux routier de la politique qui croit, dur comme fer, que «l'intransigeance opposée par la structure à toute idée de dialogue cache mal l'incapacité de ses animateurs de mener à bien les négociations».En tout état de cause, les récents événements qui ont secoué cette structure ne semblent guère susciter un quelconque espoir chez la population qui plonge de nouveau dans une indifférence totale à la chose politique, à la veille d'une échéance électorale qui ne ressemble aucunement à la précédente à la faveur de la participation du FFS. Cette nouvelle donne sur la scène politique, outre qu'elle a donné une autre tournure aux événements, a permis d'ouvrir les débats sur l'avenir proche de la région. Les débats que tous souhaitent pacifiques.