Le Soudan a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU pour dénoncer une "agression" des forces sud-soudanaises, ont annoncé les médias officiels dimanche, deux jours avant la reprise prévue des pourparlers entre les deux pays. Le recours accuse le Soudan du Sud de plusieurs attaques entre mardi et jeudi sur des localités du Darfour-Sud, en territoire soudanais, en violation de la résolution appelant les deux pays, sous peine de sanctions, à cesser les hostilités et à résoudre leurs différends par la négociation. Ces discussions doivent reprendre mardi à Addis Abeba, sous l'égide de l'Union africaine (UA), pour tenter de régler les questions en suspens depuis la partition de juillet 2011, en particulier le tracé de la frontière et le partage des revenus pétroliers. L'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Daffa-Alla Elhag Ali Osman, a appelé le Conseil de sécurité à "prendre les mesures nécessaires" pour "obliger le Soudan du Sud à cesser immédiatement ses agressions". L'armée soudanaise n'a pas signalé les incursions dénoncées dans le recours, mais elle avait annoncé il y a deux semaines avoir expulsé de plusieurs zones frontalières des soldats sud-soudanais et des rebelles qu'elle considère comme leurs alliés. Les deux Soudans s'accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles dans les régions frontalières de l'autre. Juba dénonce pour sa part la poursuite des bombardements en territoire sud-soudanais par l'aviation soudanaise, ce que Khartoum a une nouvelle fois démenti dans son recours à l'ONU. Depuis la partition, la tension a monté entre les deux Soudans, jusqu'à des combats meurtriers fin mars puis en avril, quand l'armée sud-soudanaise a occupé pendant une dizaine de jours la zone frontalière de Heglig, principal site pétrolier du Nord. La communauté internationale tente de faire pression sur les deux capitales pour éviter un nouveau conflit ouvert, après la guerre civile dévastatrice (1983-2005) qui a fait plus de deux millions de morts.