C'est à Béjaïa que furent assassinés froidement, par l'armée coloniale, pas moins de 13 adolescents. C'était le 3 Juin 1958, au lieudit Sid-Ahmed, dans la ville de Béjaïa, l'un des pôles de la résistance de l'historique Wilaya III, que commandait à l'époque le prestigieux colonel Amirouche, que furent assassinés froidement, par l'armée coloniale, pas moins de 13 adolescents à la fleur de l'âge. La 14e victime était un jeune citoyen présent à la tuerie qui avait reconnu deux harkis parmi les assassins. Craignant leur dénonciation, il fut à son tour éliminé a expliqué le moudjahid Abdelmadjid Azzi qui s'exprimait ainsi hier lors d'une rencontre au Centre de presse du quotidien El Moudjahid. Cet acte ignoble, perpétré par l'armée d'occupation, intervenait suite à la découverte, sous dénonciation, de la constitution d'une cellule de lutte et de veille, composée de 13 jeunes dont l'âge oscillait entre 14 et 20 ans. Ne survécut à cette tuerie que le petit Salah Belabas, qui a échappé à l'arrestation précédant l'horreur. Alors que les jeunes de leur âge rêvaient de colonies de vacances ou autres motifs de jeux et détente, nos jeunes combattants se sont mis à la disposition de la révolution armée pour servir leur patrie. Ce choix de militantisme actif au service du pays, à cet âge relativement précoce par rapport à leurs aînés qui prirent les armes, était, pour le moins, assez répandu à travers le pays, a tenu à rappeler le moudjahid de la Wilaya III, Abdelmadjid Azzi, dans une allocution sobre prononcée avec simplicité lors de l'ouverture de cette rencontre commémorative de ce meurtre collectif. Il faut dire que de nombreux adolescents martyrs, hélas méconnus, militaient à travers tout le pays pour la cause en distribuant des tracts, en colportant des renseignements utiles aux maquisards ou aux cellules urbaines, transportant parfois des armes... Citons, au nom de tous les martyrs, l'exemple connu du tout jeune P'tit Omar Yacef, de la Casbah d'Alger, dont le nom fut immortalisé dans le film de Gillo Pontecorvo La Bataille d'Alger, oeuvre plusieurs fois primée de par le monde et dans laquelle les stratèges américains puisent aujourd'hui des enseignements pour la lutte urbaine contre le terrorisme. Pour rappel, le jeune P'tit Omar fut tué en 1957 en compagnie de Ammar Ali, alias «Ali la Pointe», et de Hassiba Ben Bouali dans la déflagration de leur cache de la Casbah d'Alger, (rue des Abderrames), commanditée par les parachutistes français qui ne finissaient pas de ratisser avec une rare violence la citadelle inexpugnable. Un hommage ardent fut adressé aux jeunes Sahraouis en lutte représentés à la tribune par deux jeunes «militants», une jeune fille et un adolescent. Un autre témoignage de solidarité fut adressé en direction des enfants palestiniens ainsi que des jeunes de tous les pays luttant pour la liberté et la dignité. Cette commémoration s'est tenue à quelques semaines de la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ) dont la 27e édition sera célébrée le 12 août prochain. Deux anciennes moudjahidate-maquisardes présentes ont pris la parole. La première, au prénom prédestiné de Djahida Boukaddous, pour appeler au respect de la femme militante et la seconde, Maroc Baya, qui a rejoint le maquis à l'âge de 14 ans, ceci pour dire que le combat pour la liberté n'a pas d'âge.