La révision du code des marchés publics, qui interviendra avant la fin de l'année, donnera la quasi-exclusivité de l'approvisionnement des structures sanitaires publiques, en médicaments, à la Pharmacie centrale des hôpitaux. Un marché qui représente 49 milliards de dinars annuellement. En parallèle, le ministère prépare l'actualisation de la nomenclature des produits pharmaceutiques. Ce sont là quelques dispositions envisagées par le département de Djamel Ould-Abbès pour sécuriser la disponibilité du médicament. La dernière pénurie des médicaments, essentiels dans le traitement des maladies lourdes dont le cancer, a fait bouger le secteur. Une nouvelle réglementation est en préparation aussi bien en matière des importations que de la production locale. Le ton a été donné par le président de la République lors de son audition du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le chef de l'Etat a, en effet, exprimé l'impératif de faire de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), “un instrument de sécurisation et de régulation de l'approvisionnement des structures publiques de santé en produits pharmaceutiques”. À ce titre, il a été question de rénover le cadre réglementaire, régissant les relations entre la Pharmacie centrale et ses principaux clients, les établissements hospitaliers publics. Ces derniers sont libres, pour l'heure, de choisir leurs propres fournisseurs. Une situation qui devra changer dès l'entrée en vigueur des nouveaux amendements au code des marchés publics, qui seront soumis, sauf retard sur les délais, à l'approbation des parlementaires avant la fin de l'année en cours. Au nom du principe inhérent à la préférence nationale, le gouvernement a, en effet, opté pour l'octroi de marché de gré à gré au profit de certains organismes publics opérant dans un domaine stratégique. Tel est le cas pour la Pharmacie centrale des hôpitaux qui aura, en vertu des nouvelles dispositions envisagées dans le code des marchés publics, la tâche d'assurer l'essentiel des besoins des hôpitaux, qui reçoivent annuellement une dotation budgétaire de l'ordre de 49 milliards de dinars. “La PCH réglera alors ses problèmes de trésorerie grâce à des marchés signés et validés à temps. Elle maîtrisera aussi mieux ses prévisions”, souligne le Dr Delih, directeur général de la PCH. En clair, les hôpitaux seront astreints à honorer leurs factures régulièrement. Actuellement, la Pharmacie centrale peine à concilier son statut d'Epic (Etablissement public à caractère commercial) et sa qualité de prestataire de service public. Elle a approvisionné, depuis janvier 2010, les hôpitaux pour un montant de 16 milliards de dinars, alors qu'elle n'a encaissé réellement que 2 milliards de dinars pour la même période. “À travers le nouveau mécanisme, le ministère de la Santé sera entièrement responsable de la disponibilité des médicaments”, corrobore le Dr Hafed Hamou, directeur de la pharmacie au ministère de tutelle. Il n'en demeure pas moins qu'intervenir uniquement sur la réglementation ne suffit pas pour protéger le pays des récurrentes pénuries des médicaments. Il y a d'abord une défaillance dans les prévisions en ce sens que les hôpitaux n'expriment pas suffisamment en avance leurs besoins. “Ils doivent nous envoyer leurs prévisions à temps, pour qu'elles soient consolidées au niveau national, puis transmises à la PCH, qui fera ses commandes en fonction de la réalité du terrain et constituera un stock”, relève le Dr Delih. À trois mois de la fin de l'année, aucun hôpital n'a fait le point sur les prévisions de 2011. Mais par un concours de circonstance, les lignes de crédits, d'une valeur de 10 milliards de dinars, accordés à la PCH pour importer en urgence les médicaments en rupture de stock l'été dernier dont essentiellement des produits d'oncologie, ont permis à la structure de constituer une réserve pour six mois et par ricochet anticiper sur le programme de 2011. La direction de la pharmacie au ministère de la Santé prépare, en outre, un dossier sur l'actualisation de la nomenclature, eu égard que les praticiens continuent à prescrire certains médicaments, qui existent toujours sur la liste des produits enregistrés, mais qui ne sont plus importés. Ce qui provoque souvent une situation de pénurie. 1 022 DCI (Dénomination commune internationale), déclinées en 5 486 marques et dosages, prévalent par une décision d'enregistrement d'une validité de 5 ans. Environ 70% de cette nomenclature sont représentés par des génériques et environ le tiers par des produits fabriqués localement. La politique du département de Djamel Ould-Abbès s'inscrit dans l'optique d'augmenter la valeur de la production locale de 37% en 2009 à 70% en 2014. Le hic est que celle-ci s'appuie principalement sur les produits qui génèrent de gros volumes de vente au détriment des médicaments, d'oncologie par exemple, qui pèsent lourd en chiffres d'affaires, mais peu en volume de vente. “Quand il y a problème de rentabilité, le privé n'est pas intéressé par l'investissement”, explique le Dr Hamou Hafed. Il précise que les médicaments, produits sur site en Algérie, appartiennent essentiellement à la classe thérapeutique cardiologie. À ce propos, le Dr Delih estime nécessaire de réorienter la production locale sur les besoins du pays. La PCH a ouvert les discussions avec Saidal sur un projet de partenariat basé sur la fabrication de médicaments référenciés sur les programmes de santé (tuberculose, sida, trachome…).