Assad s'est adressé, hier, aux députés faisant le point sur la crise dans ce pays «Ceux qui veulent déstabiliser la Syrie ont refusé le dialogue, les réformes et toutes les propositions de trouver une issue pacifique à la crise», a affirmé le chef de l'Etat syrien. Lors d'un discours de près d'une heure tenu hier matin devant les députés issus des élections du 7 mai, boycottées par l'opposition, le président syrien Bachar Al Assad a réitéré ses positions et fait le bilan général des faits qui ont marqué le pays depuis près de 15 mois de révolte. Dans un premier temps, M.Assad a martelé que son pays faisait face à un «plan de destruction» et «à une véritable guerre menée de l'étranger», se posant comme un rempart contre le «terrorisme qui augmente». Le président syrien a enchaîné sur une réalité pas prise en compte par la communauté internationale. Il a, dans ce sens, souligné que son régime avait en vain «essayé tous les moyens politiques» pour sortir de la crise. Et ceux qui sont responsables du «terrorisme ne sont pas intéressés par le dialogue ou les réformes. Ils sont chargés d'une mission et ne s'arrêteront que s'ils l'accomplissent ou si nous arrivons à les arrêter» a-t-il poursuivi. Concernant une éventuelle solution à la yéménite, la position d'Al Assad est catégorique. «Il n'y aura pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme et ceux qui le soutiennent. La sécurité de la nation est une ligne rouge» a déclaré M.Assad. Dans le même discours, M.Assad a de nouveau démenti et nié toute implication du gouvernement dans le massacre de Houla qui a provoqué un tollé international, et écarté tout dialogue avec l'opposition liée à l'étranger. D'ailleurs, au début de son discours, M.Assad a rendu hommage à «tous les martyrs, civils ou militaires», ajoutant que leur «sang n'aura pas coulé en vain». Il a, de fait, souligné que ceux ayant commis le carnage de Houla, dans lequel 108 personnes dont 49 enfants ont été massacrés le 25 mai, étaient des «monstres», et rendu un hommage appuyé à l'armée. Ce discours intervient alors que les appels internationaux se sont multipliés pour un arrêt des violences sanglantes en Syrie. Il est cependant curieux de noter que ceux qui appellent à l'arrêt des violences n'ont jamais demandé aux rebelles et à ladite «armée syrienne libre (ALS)» d'arrêter leurs propres violences. En réaction au discours du président syrien, le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud Al-Fayçal, dont le pays est très critique du régime syrien, a accusé M.Assad de «manoeuvrer» pour «gagner du temps». «Toutes les initiatives (de règlement) ont été acceptées par le régime syrien, mais jamais appliquées. C'est le moyen qu'il (le régime) utilise pour gagner du temps», a-t-il dit, accusant M.Assad, qui s'est dit encore hier déterminé à en finir avec la révolte, de «tergiverser et manoeuvrer». Il a aussi dit à Jeddah que son pays «soutient la création d'une zone tampon en Syrie». Présent aussi à Jeddah, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a dit avoir pris acte des demandes de la Ligue arabe de fixer un calendrier pour l'application du plan Annan et de recourir au Chapitre VII de sa charte. Il a dit souhaiter qu'elles soient «discutées par le Conseil de sécurité». Pour leur part, l'ONU et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) s'engagent à «coopérer étroitement» pour soutenir les efforts de paix de l'émissaire international Kofi Annan en Syrie. Selon les dirigeants internationaux, qui restent néanmoins divisés sur la façon de régler le conflit, le cessez-le-feu préconisé dans le plan de sortie de crise du médiateur de l'ONU, Kofi Annan est resté lettre morte, alors que la Syrie est désormais au bord de la guerre civile.